(sans Spoilers)
le film de Drew Goddard est un projet comme les studios n'en font quasiment plus de nos jours.
Le film n'est pas adapté d'un comics ou d'un best sellers ni la suite d'une license à succès.
mais une production 100% originale sortie de son scénariste est également réalisateur très expérimenté.
Elève de l'école Whedon il a fait ses premières armes d'écriture sur la série Buffy the vampires Slayer mais également sa première réalisation sur une production Whedon Cabin in the wood un film OVNI qui part sur les bases d'un Slasher d'ados classiques mais qui glisse progressivement dans une autre direction le film réinvente et repousse les conventions du genre.
Il n'est donc pas étonnant de le retrouver à l'écriture et réalisation d'un film chorale comme * SALE TEMPS À L’HÔTEL EL ROYALE* qui porte entièrement sa patte dans une écriture maitrisé des dialogues de groupe proche de l'esprit Buffy. un sens du mystère appris de son travail sur Lost.
Construit sous forme de huit clos et se déroulant sur une soirée et une nuit le film lorgne du côté d'un film de Tarantino avec sa galerie de personnages aux motivations troubles et aussi du côté de sa narration déconstruite tout au long du récit.
Mais le film réussit à ne pas faire de la pâle immitation car le film joue sur une dualité permanente et à la différence de Quentin Tarantino ne fait pas rentre dedans permanent.
L’ensemble du film est construit sur la cette figure de dualité, tout comme l’est l’hôtel situé à la frontière entre la Californie, incarnant chaleur et lumière, et le Nevada, terre d’espoir et d’opportunités. La bâtisse, ancienne annexe de célébrités et de politiques, est désormais à l’abandon. Seul résident, le curieux Miles, incarné par Lewis Pullman , à la fois réceptionniste et homme à tout faire. C’est dans cet hôtel, allégorie de la confrontation entre le présent et le passé, que viennent s’installer nos protagonistes.
Difficile de parler de l'intrigue sans spoiler mais le film narre la rencontre de sept individus au sein de l’établissement. Sept personnages totalement torturés, dont les destins convergent au El Royale.
Chacun étant en quête d'un but ou de rédemption et d’une orientation pour son existence. La rencontre entre le prête, incarné par Jeff Bridges le vendeur professionnel, la chanteuse de soul et la hippie, interprétée par Dakota Johnson viendra catalyser leur destinée, pour le meilleur ou le pire.
Complêtement littéral, SALE TEMPS À L’HÔTEL EL ROYALE brille avant tout par sa mécanique. Le script construit les masques des personnages par les mots tandis que la caméra dévoile leur véritable identité par l’action. Cette malice de mise en scène, instaurée très tôt dans un long segment virtuose consacré au personnage campé par Jon Hamm, porte tout le film.
Fort d’une esthétique travaillé assise par un tournage en pellicule, en anamorphique, ainsi que par des décors de studio qui donne un ton Pulp SALE TEMPS À L’HÔTEL EL ROYALE apparaît comme un objet cinéphilique rare aujourd'hui. il ne se moque jamais de l'intelligence du spectateur ménageant surprises, changements soudain d’intrigues (notamment dans son dernier tiers avec l'arrivé du mystérieux Billy Lee " génial Chris Hemsworth " Pour déjouer le prévisible en relançant les enjeux.
Goddard prend avant tout son temps. De présenter ses personnages. De les laisser vivre à l’écran. Les plans durent, les discussions aussi. Il filme des êtres deviser, réfléchir, hésiter, évoluer, se confesser, s’appuyant avec un plaisir visible sur le brio de l’interprétation de son casting John Hamm Dakota Johnson ou encore la jeune Cailee Spaeny tout sont investis mais Cynthia Erivo, Jeff Bridges et Lewis Pullman et Hemsworth sont Brillant . Pétri de petites subtilités et d’idées ( transitions, le montage est fabuleux),
EL ROYALE ne joue pourtant jamais au plus malin, tout entier dévoué à ses personnages et à son propos. Une éclatante réussite qui nous montre la face sombre d'es années 70's période charnière dans la construction de l'Amérique de aujourd'hui.