J'ai beaucoup pensé aux huit salopards de Tarantino : un huis clos avec des persos aux desseins secrets et dont chaque chapitre est annoncé par un panneau. Seulement Tarantino a un sensibilité incroyable pour écrire ses dialogues et filmer ses histoires, et une sacrée rigueur sur ses récits, dont ne peut se targuer Drew Goddard. Là où Tarantino peut filmer pendant deux heures deux persos parler et me captiver, Drew m'ennuie au bout d'une minute. Il croit qu'il fait du Tarantino mais n'imite pas les bons trucs, n'a pas compris ce qui fonctionne chez Tarantino...


Donc voilà des scènes de blabla ennuyeux, voilà un récit dépourvu de ligne directrice (la pendaison de Domergue chez Tarantino est le but du début à la fin) qui change d'enjeux comme de chemise et nous fait l'offense de scènes incohérentes (comme la Noire a-t-elle vu le Père droguer son verre alors qu'il était de dos ?!? et pourquoi cherche-t-elle à fuir ensuite au juste ? pourquoi se cacher de Dakota alors qu'elle ne lui a rien fait ? pourquoi Dakota ne coupe pas le téléphone si c'était si important que sa soeur ne l'utilise pas ?).


C'est un film qui fait beaucoup son intéressant, qui est divertissant à la longue mais n'arrive pas à la cheville des huit salopards en terme d'intensité. Chez Tarantino les personnages sont tellement plus expressifs que ces espèces de seconds couteaux de série B (à l'exception de Dakota et de Bridges, sous-employés vu la pauvreté de leurs motivations). Samuel L. Jackson et Tim Roth c'est quand même autre chose que Jon Hamm et la Noire inconnue au bataillon.


Et puis Drew Goddard trahit quand même son impertinence avec des scènes niaises comme celle à la fin de la confession de Miles. Que le réalisateur cherche à nous émouvoir avec une scène pareille montre pour moi qu'il n'a pas beaucoup de recul intellectuel sur le monde, la vie et les choses en général. Qu'il est bête, quoi.


J'ai préféré la cabane dans les bois qui avait au moins l'originalité de son sujet. A côté de ça je précise que je ne suis pas un fan de Tarantino, mais j'ai beaucoup aimé Jackie Brown et les huit salopards de lui.

Pedrof
4
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2020

Critique lue 80 fois

1 j'aime

Pedrof

Écrit par

Critique lue 80 fois

1

D'autres avis sur Sale temps à l'hôtel El Royale

Sale temps à l'hôtel El Royale
RustinPeace
4

"Classic is good, baby."

Les années 70. L'Amérique du Viêt-Nam, de la guerre froide, de la contre-culture, des hippies, de Charles Manson, des droits civiques... Voilà ce qu'a voulu réunir Drew Goddard dans son premier film...

le 8 nov. 2018

41 j'aime

Sale temps à l'hôtel El Royale
vincenzobino
9

La ligne rouge

La ligne rouge L'hôtel El Royale est situé sur la frontière Nevada-Californie. Mettez-y un prêtre, un agent de la CIA, une chanteuse exploitée, une femme en ayant kidnappé une autre ainsi que le...

le 2 nov. 2018

30 j'aime

3

Du même critique

The Last of Us
Pedrof
4

Un succès critique et public frustrant

Suis-je bizarre de ne pas aimer the last of us, de ne pas avoir été pris, emporté, touché ou même franchement amusé ? C'est frustrant de voir un jeu porté aux nues par la critique et s'en sentir...

le 31 déc. 2022

25 j'aime

9

La Haine
Pedrof
3

Enervant

J'ai eu du mal avec ce film. Sur 24 heures on suit trois types, Said, Vinz et Hubert, des prototypes de ce qu'on appelle communément des "racailles". Vous savez ces champions des incivilités qui font...

le 20 juil. 2016

8 j'aime

7