Duraille. Le cercle de merde a été le plus difficile à passer pour moi. "C'est du chocolat, c'est du chocolat". Devant cette réticence continue, défense immunitaire devant l'horreur absolue, on est rudoyé, interpellé. Qu'est-ce à dire? Pourquoi? Quand je prends un uppercut j'ai envie de savoir pourquoi.
Parce que finalement on n'apprend pas grand chose. Que la barbarie, la perversion de la civilisation est un suicide moral, politique et culturel, un anéantissement de l'humain, que de la violence physique et morale il ne peut rien être créé, construit et qu'au contraire il ne peut y avoir que destruction, tout cela on le sait déjà. Alors sans doute que Pasolini a voulu faire un film concept, provocateur? Produire le dégoût et montrer dans la forme la plus violente (prendre le spectateur par le cou et diriger son regard d'une poigne de fer) l'aspect le plus abjecte de l'humain? Faire un film sur la barbarie pour montrer à quel point l'homme paré paradoxalement des plus beaux atours (on cite les grands auteurs, on parle français, anglais, allemand, les murs sont ornés de tableaux des grands maîtres et les décors très art nouveau sont magnifiques, la musique classique résonne dans les grandes salles du château), même dans cet accoutrement civilisé, l'homme est capable de nier son humanité en avilissant, détruisant l'autre. Se faisant il se détruit lui même. Soit.
Peut-être, Pasolini a-t-il voulu montrer ce que l'on ne veut pas voir? L'horreur cachée au fond du gouffre de notre inconscient.

Voilà l'exemple type du film que je ne reverrais pas volontiers.
Alligator
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le 16 févr. 2013

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Alligator

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