Il faut l'avouer : ce film est vieux, et les premières dizaines de minutes sont plus risibles qu'autre chose. Acteurs inexpressifs, tentatives d'évasions peu convaincantes : pour la crédibilité, on repassera.
Par la suite, on oublie un peu cet aspect (qui s'atténue aussi) pour rentrer dans l'horreur.
On notera le contraste entre les bourreaux et les victimes, ceux habillés et ceux nus, ceux qui peuvent s'assoir sur une chaise (leurs préférés ont aussi cet honneur) et ceux qui sont par terre. Avec une prédominance de l'art, parfois un peu caricatural, avec la danse, la philosophie, la musique... Evidemment, la dénonciation de ceux qui se veulent "humains" et "supérieurs" en torturant et violant leurs semblables est criante.
Tous les tabous sautent un à un : privation de liberté, enlèvement de l'humanité pour en faire du bétail, dressage, violence psychologique, abus, coprophagie, torture (les dernières scènes sont insoutenables, de par la distance (autant physique que psychologique) qu'ont les bourreaux avec les victimes, leur donnant un sentiment de toute puissance parfaitement infect.
Dommage que le film oublie la dynamique de groupe (on a une scène de dénonciations en cascade peu crédible à un moment...) pour ne pas plus montrer les liens qui unissent les bourreaux entre eux, les victimes entre elles : le film se concentre sur l'horreur pure, et on connait au final très peu les protagonistes.
Certains personnages, genre le vieux avec ces yeux caméléons, transpirent le malsain. L'autre, le "leader" à la barbe, par le fait de céder à ses pulsions, le rend aussi ridicule psychologiquement que physiquement (la scène ou il embrasse tout le monde de force au début...) Au final, pas de doute, les animaux sont "les plus civilisés". Ce film est une étrangeté à découvrir, et reste intéressant malgré des partis pris pas toujours judicieux.
Pourvu, mais pourvu qu'il s'agissait de mousse au chocolat et de boudin.