pas choquant, un film sans propos clair

Pour avoir lu les 120 journées de Sodomes avant d' avoir vu le film, je trouve qu'il n'y a aucun rapport entre les 2. Le seul lien possible entre l’œuvre de Sade et la kitscherie de Pasolini serait la reprise du schéma de l'hypocrisie des puissants ou détenteur de pouvoir en dehors de la vue publique. Dans le livre, Sade montre comment des magistrats, des hauts membres du clergé, des nobles ou des aristocrates se permettent tous les vices car ils le peuvent sans états d’âmes. En public, ils sont les champions de la pureté morale et de la bonne apparence vertueuse, mais en privé, ils ne se retiennent pas d'assouvir tous leurs plaisirs et fantasmes.

Là où Sade a une pensée démonstrative en établissant des préceptes et des règles claires chaque jour, Pasolini est confus et brouillon dans son illustration cinématographique.
Il manque au film un discours narratif et scénaristique cohérent pour qu'il dénonce quelque chose.
En l'état, les scènes ont mal vieillies à cause du grain de l'image, elles sont donc kitchs. Et ceci rend ridicule l'intention de provocation des scènes dites hard. Les scènes de repas de merde ou de sexe ont tellement une mauvaise image que ça atténue le propos. En 2014, les scènes n’apparaissent pas choquantes, elles sont kitch ou tout au plus malpropre.
Malgré quelque bon plan et mise en scènes individuelles (comme la parodie de mariage), Pasolini n'arrive pas bien à lier ses scènes pour véritablement donner sens à quelque chose d'abouti. Il manque cruellement la démonstration d'une idée directrice pour qu'il en ressort quelque chose de significatif. Voir Salo c'est juste voir un nanard. Oldboy, Seul Contre Tous sont beaucoup plus choquants et subversifs dans le discours, ils ont un discours appuyé avec leurs scènes hard. Ce n'est aucunement le cas de Salo. Salo c'est de la provocation idiote, du choc sans discours. On ne sait pas ce que veut dire Pasolini, ou veut il en venir à mettre toutes ces scènes?
Dans cette catégorie sans discours, Hostel ou Saw sont beaucoup plus choquants et barbares: du plaisir gratuit à torturer sans raison. Cela ne mène a rien. C'est la caractéristique de l'ennui des riches ou puissants qui s’égarent, qui n'ont plus d'envie.

Choquer sans expliquer ou sans signifier clairement une pensée directrice c'est de la barbarie, de la torture gratuite pour son seul plaisir. C'est ce qui distingue Sade de Pasolini.