Après Koyaanisquatsi et Baraka, le réalisateur Ron Fricke finit de parfaire ses techniques photographiques portés sur l'oeuvre audio-visuelle mouvante, tout en produisant un contenu confrontant l'architecture à la nature, l'organique au plastique...
Autour d'un titre on-ne-peut plus évocateur, issu de la culture bouddhiste, désignant une fois de plus un conflit de perception sur le thème de la Vie, d'une illusion photographique, Fricke dissèque les visages et passe au crible les méandres routinières de notre société, de nos civilisations. Les thèmes sont abordés en nombre, et les pistes sont massivement multiples, ainsi il est vite arrivé de sombrer dans un visionnage hébété mais pourtant de qualité, en ce sens, Samsara est malgré tout un film universel, au public large. Couplé à des problématiques mystiques, car abordant le thème des religions avec respect et celui de la spiritualité, ce film à deux effets possibles : -celui d'un discours, qui serait prôné par un maître. -celui d'un enseignement intérieur à soi-même (maïeutique), de plus en plus pertinent en fil des visionnages. On distinguera de cette manière les deux camps qui détermineront si le film à plu, ou bien déplu.
Pour ceux pour qui cette oeuvre aura été un troisième œil de substitution, l'espace d'un ressenti, enfin, seule la barrière de la Technicité résidera. La beauté émane en effet de l'oeuvre d'une telle manière que les questions logistiques ne tardent pas à venir; et nous font pré-sentir l'usage de technologies particulières et précieuses, informatiques, mathématiques... En bref, le nombre d'or nous bondit aux pupilles et classerai ce film au rang de démonstration technique de sa contemporanéité.
La chose s'exclue cependant rapidement, notamment en vue de l'imperfection humaine qui transpire à travers l'écran, et l'expression du "dialecte de la folie" que l'oeuvre place comme la communication essentielle de l'Humanité, gisant dans ses cycles et ses roues, Samsara, constituante d'ères et civilisations.
{cf. Séquence du Cadre à son bureau - Art Contemporain.}
Je recommande sans conditions ce film, ne serais-ce que pour la découverte du travail de cinq années consécutives et pour l'amour du Voyage, à travers 25pays différents, et sinon pour son aspect à la fois, paradoxalement, engagé et contemplatif qui permet une évolution positive du "Soi" à travers l'oeuvre, chose assez rare au cinéma pour être signifiée.