J’imagine que plus grand monde ne connait Henry Bernstein, l’auteur dramatique à succès de l’avant et de l’entre-deux-guerres… Pour ma part, j’avoue que si je n’étais pas justement en train de lire quelques pages sur lui dans Les Hommes de bonne volonté, je ne serais pas loin d’atteindre votre niveau d’ignorance ce qui, avouons-le, n’est pas reluisant.

Alors, Henry Bernstein c’est, entre autres, mais c’est ce qui nous intéresse ici, l’auteur de Samson, la pièce qui est adapté ici, c’est aussi grâce à ses pièces que Gaby Morlay se fera un nom sur la scène, ce qui nous concerne aussi en premier chef vu que Gaby Morlay, c’est justement l’héroïne du film de Tourneur dont je vais bien réussir par parler un jour.

En attendant, si nous revenions un peu à Gaby, vous savez, la première femme pilote de dirigeable, la fille libérée des années folles, avec le petit minois caractéristique et la voix inimitable… Bon, ici, elle est supposée jouer une marquise, elle n’est pas mal du tout, mais pour la haute, il lui manque un petit quelque chose…

Le film, tout comme la pièce, n’en doutons pas, raconte comment un aventurier parvenu devenu nabab de la finance se retrouve marié à la dite marquise proprement vendue par sa famille dans le besoin et ce qu’il arriva lorsque par dépit celle-ci préféra oublier cette tractation dans les bras du plus immonde gigolo que la terre ait porté, un baronnet de la pire espèce joué par un André Luguet gluant à souhait.

J’aime beaucoup le contexte du film, les petites rivalités boursières, les ventes de charité, le poids de la presse, les aristos déchus, le snobisme persistant et les orgies décadentes avec les « petites femmes de Paris »…

Dans le rôle principal, Harry Baur est égal à lui-même, imposant et laid avec l’œil torve. Ajoutons tout de même que dans ce rôle de Samson brisé par une jolie brune, il y met une douleur qui force la sympathie, et sa façon de choisir le duel avec ses armes et sur son terrain n’est pas la pire façon de réagir aux malheurs qui l’accablent et qu’il méritait bien un peu (non, mais c’est vrai, avec son âge et son physique, faut arrêter d’aller embêter les mignonettes, ce n’est pas propre…). Il n’empêche, sa douleur est poignante et l’amertume de sa cicatrice n’en est pas moins réelle.

Un film pas banal, où Tourneur montre son métier habituel, surtout dans la séquence de la partie fine, et qui intéressera avant tout les amateurs d’une époque représentée ici de manière particulièrement vivante.
Torpenn
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le 28 janv. 2013

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