Non, là, je dis non.
Pourtant, j'avais toutes les cartes en main pour apprécier.
J'aime les films d'aventures Hollywoodien des années 50, je suis devenu amateur du cinéma de Cecil B., et j'affectionne particulièrement George Sanders (qui ici joue le méchant Satrape).
Mais quand la simplicité biblique (j'entends "simplicité" au sens "oui, il est très… simple") rejoint Hollywood dans ce qu'il est capable de proposer de pire, je ne marche plus.


Mature, version porno


En plus moi, j'étais ravi au départ: depuis le temps que je me fais traiter de Philistin, sur ce site, par un bougon barbu au profil hautain, j'allais enfin en voir, et plein d'un coup en plus !
Bon ça commence bizarre, trois gardes montés comme des catcheurs professionnels s'en prennent à un pauvre vieux tout seul, entouré d'enfants. A part pour se faire ouvertement détester du bon peuple (qui, ça tombe bien, ont un champion sous le coude), je vois pas trop.


Alors il est là le champion. Doté d'une force prodigieuse, il va cependant révéler un handicap assez lourd, tout au long de l'histoire: s'il est très fort, il est aussi et surtout très con.
D'entrée il veut se marier avec l'ennemi. Enfin, une de ses jeunes représentantes. Moi je veux bien que Mature soit, parait-il, une catégorie sur des sites ou l'on peut voir des gens tous nus jouer et perdre à "je-te-jure-que-t'ariverras-pas-la-rentrer", mais préférer Angela Lansbury à Hedy Lamarr, et ne pas voir en elle la future Arabesque, j'ai du mal à avaler.


Samson cerveau


Donc le type qui est sensé être le héros de tout un peuple fricote avec l'ennemi. Très bien.
C'est son bon fond, sans doute.
A son propre mariage, où il se fait humilier sans arrêt tout en restant d'un stoïcisme confondant, il finit par montrer que non, c'est pas un paysan crétin, la preuve haha, je vous soumets une énigme, que si vous trouvez pas, bonjour que c'est vous les crétins!
C'est alors que l'amoureux éconduit -et jaloux- d'Angela, Ahtur, campé par un Henry Wilcoxon bien stupide pour ne pas faire tâche avec le reste de la distribution, demande à cette dernière de faire parler Samson pour ne pas perdre la face. Et elle, dont tu ne comprendras jamais ce qu'elle veut, ce qu'elle cherche, de quel camps elle est, elle fait parler le colosse (parler, pas pleurer) qui, tu sais pas trop pourquoi, lui dit tout sans se demander pour quelle raison elle lui demande ça.


Mature se bat, mature lutte (#Artobal)


Et donc paf, trahison. Le sang et le ridicule coulent à flot.
Et ce sera toujours comme ça.
Dalila arrive dans le camp retranché de Samson, une oasis luxuriante doté du confort dernier cri, en annonçant qu'elle est la pour le trahir. Et lui, qui la déteste depuis le début, tombe amoureux en 15 secondes. Et, mordiou, surprise ! se fera trahir.
Plus tard, alors que tout le monde sait que la force du titan vient de sa chevelure pré-hardrockienne (selon un principe nébuleux totalement imbitable et incohérent), on fait venir Samson dans l'arène pour l'humilier et le fouetter, sans calculer que merde, ses cheveux ont eu le temps de repousser depuis le temps qu'il moisit au fond de sa meule , et que donc il peut tout casser à nouveau et se venger de tout le monde d'un coup (dans le cadre d'un décors en carton majestueux, mais en carton).
Et je ne parle de ces innombrables références au diable, Satan et à l'enfer. J'ai beau savoir que ce sont des notions qui ont vu le jour chez les juifs bien avant les aventures de l'acrobate du nouveau testament, ça fait quand même tout drôle.


Mature et les chevaliers de l'étable ronde.


En fait, j'ai retrouvé, tout au long de ce péplum biblique, tout ce que je ne comprenais pas enfant quand ma mère eut cette curieuse idée d'essayer de me mettre au catéchisme, action futile (je me suis vite fait virer) surprenante et dénuée de fondement (à part se mettre bien avec ses copines ?) qui m'a laissé pour seul héritage cet anticléricalisme virulent et viscéral dont je ne peux me défaire, tant d'années après. Des personnages aux motivations nébuleuses, aux actions inconséquentes, aux amours incompréhensibles et aux paroles vaines, le tout au service d'une morale pré-établie terriblement naïve.


Non, vraiment, votre seule excuse pour aimer ce navet indigeste, c'est qu'il vous rappelle vos jeunes années, lorsque, lové contre la chaleureuse cuisse maternelle, vous tentiez de prolonger d'un quart d'heure une soirée qui, sans être extraordinaire, vous offrait le luxe de repousser l'heure du coucher.

guyness

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