Film noir à sang pour sang.
En 2001, les frères Coen ont décidé de faire une director's cut de leur premier film, en y retirant trois minutes, où le montage est un peu modifié et la musique diffère un chouia.
La première version du film étant disparue dans le néant (seul le DC existe en dvd), je ne pourrais pas dire si ça change grand chose, mais ça a certainement eu le mérite de booster le rythme, que je trouve un peu languissant par moments.
Ce premier essai est une sorte d'hommage aux films noirs des années 40 ; l'histoire rappelle un peu Assurance vers la mort, où un détective doit surveiller un couple adultère. Mais on y retrouve déjà le sens de l'ironie de frères Coen, surtout à travers le personnage de Loren Visser, et l'humour caustique qu'ils illustreront plus tard à merveille.
D'une certaine façon, Ray, qui est le mari trompé, partage quelques similitudes avec plusieurs personnages des frères Coen, y compris Llewyn Davis, dans cette capacité qu'il a à se mettre dans le pétrin alors qu'il pourrait très bien résoudre les problèmes autrement.
D'où la sensation, en connaissant une grosse de la filmo des frangins, de voir déjà les prémices d'une œuvre : on retrouve déjà Frances McDormand, Holly Hunter (qui fait une voix au téléphone, et pas créditée au générique), ainsi que Carter Burwell, leur musicien attitré. Soulignons aussi la superbe photo très "noir" de Barry Sonnenfeld, qui donne au film une sensation d'étrangeté.
Doté d'un budget minuscule, le film se déroule essentiellement dans des intérieurs, comme chez Billy Wilder ou Howard Hawks, et se termine comme se finira souvent les frères des frangins ; de manière ambiguë.
Les défauts de jeunesse sont là (un rythme pas très maitrisé, la musique assez répétitive), mais quand on voit où en sont les frères Coen en 2013, c'était un essai prometteur.