On associe ce film aux westerns spaghetti de Sergio Leone. Le personnage de Clint Eastwood serait directement inspiré de Sanjuro, une espèce de vagabond sans nom, nonchalant, maniant son arme comme pas un. Son sens de la justice aigu et la nécessité d’utiliser la violence pour la faire régner crée en lui une contradiction existentielle. La femme du chambellan kidnappé par le clan des corrompus ne manque aucune occasion de lui rappeler : « Vous êtes comme un sabre nu, mais un bon sabre doit rester dans son fourreau ». C’est la morale de l’histoire symbolisée par une fleur : le camélia. Nous sommes dans l’ordre de la fable avec ce que cela a de simpliste et de profond en même temps. Simple dans le déroulement et profond dans le sens qui émerge du dénouement. C’est en fait là que repose la force du film, parce que pour ce qui est de la réalisation en soi, nous sommes à des lunes de celle qui a mené au chef d’œuvre : Le château de l’araignée porté à l’écran en 1957. On a l’impression ici que l’on tourne en espace restreint ce qui crée une dichotomie avec l’ampleur philosophique du sujet abordé. L’apparence d’un manque de moyen n’atténue en rien l’intelligence du metteur en scène. La cohésion à laquelle nous a habitué Kurosawa demeure perceptible. Son acteur fétiche, Toshirõ Mifune y contribue avec un plaisir évident. Une démarche assurée, quelques tics bien à lui, imperturbable au point de dormir quand ça chauffe. Ça se termine par un duel au sabre entre le bon et la brute. Ne manquait plus que quelques notes d’harmonica.