Patience pour les curieux, je reviens sur l'explication de ce titre dans un instant. Celles et ceux, pop-corn à la main, s'empressant de choisir un bon film pour ce soir, je vous réponds dès maintenant. Le film est bien, foncez !
Stratégiquement positionné entre l'horreur et le survival psycho-dramatique, Sans un bruit, est angoissant comme il le faut ! AVERTISSEMENT. Si votre partenaire possède de longs ongles et vous agrippe le bras, enfilez une brassière pour protection contre les morsures de chien. Cela facilitera votre visionnage. Oh mais de rien. Bien à vous ! Captain Sinbad pour vous servir.


Les curieux. Où êtes-vous ? Ah eh bien je veux vous parler de ce climax en particulier. Vous savez ce point culminant qu'essaie d'atteindre le film dans la dernière partie, pour accentuer généralement l'intensité dramatique. Bon eh bien là ça me fait chier. Ce n'est pas une attaque ciblée, je pense que c'est par effet d'accumulation, car je suis parvenu à bien m'amuser durant pratiquement tout le visionnage tout de même.
Mon capital sympathie, lui, continue de grimper, pour très chère Emily Blunt. Les autres acteurs sont prenants même sans prononcer le moindre mot ! L'oeuvre nous propose très rapidement et fonctionnellement (rare que ces deux-là vont de paire) les règles du jeu de cet univers bien flippant.
Ne fais pas de bruit, sinon le croque-mitaine vient te manger. On y croit, tel un enfant naïf entendant les avertissements de son frère lui faisant peur avec des histoires de monstres.


Le suspens pour susciter l'angoisse est soigné, illustré par ces quelques jump-cut et le travail réalisé par les designers du son. Oui pas un bruit ! Mais prêtons attention aux quelques sonorités qui auront leur importance. Toutefois, l'oeuvre tombe dans un piège tête la première dans lequel se font avoir de bien nombreux artistes et industriels hollywoodiens, et j'ai appelé cela la nécessité du climax.
Vous savez cette démangeaison inébranlable consistant à créer de l'action et de la pyrotechnie à tout va; c'est un peu ce que j’appellerai l'Effet du Temple Maudit. C'est ce genre de film d'action et d'aventure durant lequel, un héros atteint ses objectifs et ressort in extremis d'un temple qui manque de s'écrouler sur lui. De tête, Street Fighter, La Momie, Indiana Jones et la dernière croisade et j'en passe. Dans une moindre mesure, certes; ce film en est victime. Pourquoi ? Parce que le spectateur veut voir le monstre à la fin dans toute sa splendeur, le spectateur veut tout voir aujourd'hui et souvent, il veut toujours abuser des bonnes choses. Et quand le spectateur s'empare d'une certaine manière des méthodes de travail d'un scénariste, c'est plier. Le film quittera forcément la belle route de l'originalité pour emprunter l'autoroute bien trop fréquentée de la standardisation. Puis, les progrès en termes d'effets techniques et visuels permettent de créer ce que l'on souhaite depuis ces dernières années ; la contrainte de cacher le monstre en latex le plus possible pour limiter la crédibilité de la dite-créature est une période révolue.


C'est ce que je reproche à ce film. Je détaille ce genre de paradoxe psychologique dans ma critique de Shyalaman ici : https://www.senscritique.com/film/Le_Village/critique/140171017. Je le pense toujours et je complète mes propos ; le monstre qui fait peur, c'est celui qui ne se voit pas, encore mieux je pourrais dire : monstre est le silence. L'oeuvre en fait une démonstration durant les 3/4 de l'histoire jusqu'à cette fin médiocre pour satisfaire le Monsieur tout le monde du Cinéma. Quand les artistes redorent le blason de l'industriel expert marketing pour ne plus "proposer", mais pour, au contraire, "répondre à un besoin" de ce Monsieur tout le monde. Lui qui est avide d'action. Le pire arrive à la toute fin lorsque le point de chute se voit marquer par E.Blunt qui quitte son personnage de victime pour vêtir son costume de super-héroïne bad-ass. C'était à la limite du navet. Mais ça se discute. Et un monstre là, deux monstres par-ci, cinq monstres par-là. C'est fatigant. Quand la scène la plus fonctionnelle restera celle du début avec l'enfant. Non ? Je vous laisse trancher !


Bon film néanmoins, mais mon agacement envers cette fâcheuse habitude m'a obligé de concentrer ma critique sur cela, plutôt que sur le positif. Très content, toutefois, de ce John Krasinski touche-tout, passant tantôt devant l'écran, tantôt derrière, en tant que réalisateur, acteur et co-scénariste. Et il a scénarisé en passant Promised Land avec Matt Demon. Mon cinéma ! Je crois que nous avons un cap ! Faisons voile vers cette terre promise...


Bon visionnage, camarades !

Jordan_Michael
6
Écrit par

Créée

le 30 août 2018

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