[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en cas de coup de cœur ou si le film m'a particulièrement énervé. Ma « critique » liste et analyse plutôt les éléments qui m'ont (dé)plu, interpellé, fait réfléchir, ému, etc. Attention, tout ceci sans égard pour les spoilers !]


5, c'est pour saluer le bel effort d'un pitch original, les quelques bonnes trouvailles notamment au niveau de la photographie (Charlotte Bruus Christensen), la gestion du silence ou plutôt les moments où la gestion du silence m'a plu (j'ai trouvé les passages en musique moins convaincants).


Hélas, je me suis ennuyé ferme devant Sans un bruit, parce que Sans un bruit s'inscrit dans la dynamique contre laquelle je milite sans cesse (je ne m'étendrai donc pas trop longuement sur cette critique), celle qui privilégie un visionnage totalement passif. En regardant trop activement Sans un bruit, surtout en étant attentif à son scénario, celui-ci s'effondre à mes yeux.


Les « incohérences » ou éléments « invraisemblables » sont nombreux ; l'aspect qui m'a le plus empêché de me projeter dans le film est la question de l'ouïe des créatures (qu'est-ce qui les attire ? sont-elles sensibles à la texture du son comme le suggère la séquence avec le minuteur, au volume ? et au-delà de ça : comment distinguent-elles les choses vivantes des autres sources sonores, pourquoi s'attaquent-elles aux choses vivantes, etc. ?), dont la résolution m'aurait été nécessaire pour apprécier les moments de « suspense » (une créature et un personnage sont dans la même pièce : pour qu'il y ait suspense, j'ai besoin de clefs permettant d'anticiper les issues possibles (et si je me fie à la scène du rongeur, les humains sont foutu-e-s quoi qu'il arrive...)). Je pourrais aussi parler des étagères recouvertes d'objets en vrac qui menacent de choir à chaque instant, de la vie en autarcie à la campagne, de ce que courir est généralement plus bruyant que faire læ mort-e - et d'ailleurs du fait que chuchoter fait bien moins de bruit que courir pieds nus...


Mais c'est sur la grossesse du personnage interprété par Emily Blunt (nommé Evelyn Abbott, d'après le générique) que je souhaite surtout revenir. Parce que cette grossesse ne pose pas forcément la question de la vraisemblance ou de la cohérence. Dans un contexte pareil, procréer serait profondément idiot, tant (outre le fait que survivre semble un enjeu plus central) il y a de potentiel sonore dans une grossesse, un accouchement et surtout, un bébé (heureusement que le couple, ingénieux, a tout prévu - j'ai trouvé leur astuce chouette). Pourtant, il n'est pas absurde d'imaginer qu'il y a parmi les survivant-e-s des gens qui procréent ; à ce moment-là, le film choisit de raconter son histoire à travers le cas particulier du couple-qui-procrée-quand-même, ce que je trouve acceptable. Mais alors on est en droit de se demander : pourquoi ce cas précis ? Le film est traversé par une thématique de la filiation, de l'amour filial, du sacrifice pour ses enfants, mais dont je trouve le traitement très quelconque. Cela ne suffit donc pas à racheter l'absurdité de la procréation, et j'ai eu l'impression devant Sans un bruit de voir, comme trop souvent à mon goût dans les films d'horreur, l'histoire de la famille qui a bien mérité d'être décimée tant elle s'efforce de créer les conditions de son propre anéantissement.

Rometach
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le 2 juil. 2018

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Rometach

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