Ouïe, mais non
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Difficile de ne pas abuser des jeux de mots que permet son titre… mais « Sans un bruit » est sans conteste le film d’horreur qui a le plus fait parler de lui cette année. Difficile aussi de savoir à quoi s’attendre lorsqu’on s’apprête à assister à une de ses projections. Il s’agit d’un premier film écrit, réalisé et interprété par John Krasinski (jusqu’alors connu pour des seconds rôles) – ce qui a tout l’air d’être du cinéma d’auteur. Mais c’est aussi un film produit par Michael Bay – au temps pour le cinéma d’auteur...
Concept
« Sans un bruit » est avant tout chose un film d’horreur « concept ». Ce concept sur lequel le film va jouer pour créer de la tension est très simple à comprendre (tout est dans le titre) : si les personnages font du bruit, ils sont tués – en fait dévorés par des extra-terrestres à l’ouïe surdéveloppée mais qui semblent ne pas disposer de la vue et de l’odorat.
Ce postulat de départ dingue mais inventif est présenté lors de la séquence d’introduction du film, très frappante de brutalité. C’est en soi un court-métrage qui aurait pu se suffire à lui-même tant tout y est déjà dit – cette séquence est d’ailleurs très certainement la meilleure du film.
Tout le film est articulé autour de son « concept » de ne pas faire de bruit. C’est une limite évidente au film : le ressort de ses moments de tension est toujours de savoir si le personnage va craquer et briser le silence… Mais ce principe de silence absolu et vital est mis en scène au travers d’une kyrielle de situations, suffisamment variée pour relancer à chaque fois l’intérêt. Le film regorge ainsi de trouvailles (incroyable scène du silo par exemple). Il exploite à fond son « concept », le poussant à bout, en osant même flirter avec le grotesque (l’accouchement).
Le bruit des voisins
Malgré la représentation pleine de clichés de la famille dépeinte par le film, on s’amuse donc beaucoup devant ce film, dont l’expérience en salle ne ressemble à aucune autre. Une telle densité de silence dans la bande-son du film, c’est très rare, et sûrement inédit dans un cinéma aussi commercial. Même au temps du muet, de la musique (au moins) accompagnait la projection ! On entend donc beaucoup plus ce qui se passe dans la salle que ce qui se passe à l’écran… Au grand dam des amateurs de popcorn.
Malheureusement, la fin du film s’avère nettement plus conventionnelle que son idée de départ. Le réalisateur tombe d’un coup dans tous les travers du film d’horreur commercial qu’il avait su éviter jusqu’alors… Une panne d’inspiration finale imposée pour laisser la possibilité d’une suite (car suite il y aura) ?
Créée
le 4 août 2018
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