Raconter sans dire.

Un scénario original, c'est vrai que c'est simple mais personne n'y avait pensé !
Du coup, un silence de plomb s'installe dans la salle...ceux qui n'aiment pas les blancs devront aller voir ailleurs, mais les blancs ne sont pas là pour ne rien dire. Le film raconte sans dire, plutôt en montrant et pour le coup on se rapproche plus du film muet où le coté dramatique ou comique passe par l'expression des visages que le contenu du propos. Krasinski aurait pu aller plus loin, particulièrement dans les passages où le spectateur est à la place de la petite sourde. Pour le coup la terreur aurait pu surgir sans un bruit et renforcer le côté soudain. Mais non, pas suffisamment développé.
Une influence forcément visible de "La guerre des mondes" de Spielberg où un extra-terrestre traque les êtres humains jusque dans la cave, ce film raconte sans trop montrer, montrer d'où viennent ces créatures, pourquoi elles sont là (ce que Cloverfield parvient à faire sur sa trilogie). Ce film montre alors comment une famille peut survivre (ou pas) dans un monde où le moindre bruit entraine l'apparition rapide de ces créatures et la disparition tout aussi brutale de l'auteur du bruit. Comment vivre dans l'omniprésence de la mort : ce film nous le montre d'une louable et appréciable manière à travers les cris étouffés de la mère face aux dangers imminents, à travers les yeux attendris d'un père sur son fils ou ceux remplis d'incompréhension d'une fille face à un père. C'est cet exercice de raconter en enlevant les facilités que procure la technique d'aujourd'hui qui est un challenge et l'exercice présent est très intéressant.

Et oui ! Je suis toujours admiratif par ces acteurs, actrices ou réalisateurs (trices) des débuts du cinéma qui faisaient passer des émotions autrement que par le son. Comme Georges Valentin, je pense qu'on a perdu quelque chose depuis. C'est cet hommage de "Sans un bruit" aux films muets que je trouve bon et que j'aimerais souligner. Après tout, lorsqu’on est privé d'un de ses sens, cela ne renforce t'il pas les autres ? Cela recentre le film, je trouve, sur une espèce d'essentialité qui manque cruellement aujourd'hui.