Nous avons retrouvé ce carnet de voyage, au pied d’un courageux explorateur du cinéma. Nous avons décidé de retranscrire de manière brute ces notes, fragments, extraits, bouts de réflexion, avec ses fautes et ses erreurs lexicales, qui n’ont, en l’état, aucune valeur critique ou analytique. Nous ne pouvons affirmer qu’il y ait un rapport entre ces fragments et la mort de l’explorateur.


0h10: Les vaches, déjà, bonjour les actrices ! Incroyables ce que Béla arrive à leur faire faire. En même temps, je ne sais pas si quelqu’un avait déjà eu l’idée de les filmer si longtemps.
Sauf ce journaliste, là, au salon de l’agriculture. Alain, je crois qu’il s’appellait.
0h23: Vu que c’est découpé en chapitre, se dire qu’on s’est jeté dans un marathon, Tango de Satan: la série !
0h41: Prévoir les excuses si on arrive pas au bout: passé une mauvaise nuit / mon lecteur est tombé en rade / j’ai fait une allergie au hongrois…
0h43: Au contraire, si ça passe, donner succinctement les clefs de l’exploit: 5 litres d’eau, 2 litres de café, 2 paquets de bonbons, 2 siestes, un plongeon en eau fraiche, un repas diététique, 1 coach qui passe toutes les 10 minutes…
0h59: C’est vrai qu’assez vite, tout prend une dimension différente. On entre en mode contemplatif hypnotisé. 10 minutes pour fermer un volet semble rationnel. Chaque détail devient nouveau: une planche dont on a le temps de compter les strates, le pli d’un velours, l’angle d’un rideau.
1h13: J’ai jamais autant jeté de coups d’œil à mon pied droit. C’est con, c’est pas mon préféré.
1h57: idée de titre "Un véritable tour d'effort"
2h14: l’expression "Chiant comme la pluie" prend une consistance presque palpable.
2h 32: idée de titre "Sous le plus grand chat piteux du monde" Bof.
2h40: se chasser "it’s rainin’ again" (Supertramp) de l’esprit. Ça égaye.
2h 46: et si, à la fin du tournage, le monteur était mort et Béla n’a jamais osé l’avouer?
2h 59: C’était un peu lent au début. Depuis ça a ralenti un poil. 
3h03: Dans 42mn, la moitié
3h04: Excellente maîtrise de la topologie des lieux. Intérieurs et extérieurs. Je connais exactement le nombre de pas entre chaque maison, le nombre de pièce de chacune, qui dort ou. On se sent chez soi. Vu le coin et l’ambiance, c’est d’ailleurs assez déprimant.
3h05: putain, concentre-toi !
3h10: Non, pas "I can stand the rain" de Joe Cocker non plus. Elle est même pas de lui, en plus.
3h36: Idée de titre "Satan vers le vide". Non, c’est nul.
3h43: Coup d’œil rapide sur le dos de la jaquette. Susan sontag, une écrivain, aurait déclaré "je serai heureuse si je pouvais le voir jusqu’à la fin de mes jours". Connaissait-elle l’existence du support DVD ?
3h54: 5 km a pied, ça use, ça use.
4h07: A côté, Tarkovski c'est Tex Avery
4h12: Idée de titre "N’est pas le plus prétentieux celui qu'Hongrois !"  Putain, n’importe quoi.
4h 20: Petit bal perdu: 11mn (petite balle perdue ?)
4h27: C’est moi qui commence à délirer ou j’ai entendu l’instituteur dire à Madame Schmidt "oh oui, fais-moi la boue !"
4h34: J’ai pas une rougeur sur le gros orteil, là ?
4h46: Idée à creuser: un plan-séquence de 7h30, n’est-ce exagéré ?
5h01: "Mise en veille automatique du vidéo-projecteur". Ha ha, même la mécanique te fait sentir qu’il y exagération.
5h 03: Sur l’écran: "Insérez le DVD 3". C’est un ordre ?
5h07: Béla Tarr / Pelle a tarte. Bof. Rien à exploiter.
5h11: idée de titre: Tarr repeint le monde Hongrie
5h12: Ils boivent du rhum, dansent le tango. Ce film se passe en Amérique du Sud ou bien ?
5h13: Le village des damnés. Faudra que je le le fasse aussi celui-la tiens.
5h14: putain, concentre-toi ! 
5h32: Je me sens poussé a boue. 
5h48: 14km a pied, ça use, ça uuuuse…
5h59: Idée de titre: "Non mais c’est a 7 heures ci que tu 30 ?"
6h01: Espère que tout va bien marcher dans la dernière heure. Ce serait con qu’un pépin technique me prive de l’exploit! T’imagines une courroie de lecteur qui pète ? Attentif à tous les bruits, comme un pilote de F1 dans le dernier tour.
6h12: Et si j'avais raté un truc au début… Un détail. Un dialogue. Je recommence ?
6h22: l’avantage du film sombre: n'attire pas les moustiques en été quand on le regarde les fenêtres ouvertes.
6h31: Un personnage parle pour la 3ème fois d'enthousiasme. Oxymore ?
6h33: Forêt pluie boue boue pluie forêt. Mais pourquoi j’ai décidé de regarder ce film au cœur de l’hiver ? Ah non, merde, on est le 31 juillet. 
6h35: Le temps est aboli. 10mn sont une respiration. 
6h38: Je commence a parler tout seul devant mon écran. Dois-je m'inquiéter ?
6h43: Sarkozy est lui aussi d’origine hongroise. Complot ?
6h48: tiens, si j’additionne le timing des 3 galettes, ça ne donne QUE 7 heures. Remboursez !
6h51: Ligne de fuite… ha ha qu’il est facétieux ce Béla ! A chaque fois qu’un personnage s’éloigne de l’objectif, tu peux être sûr qu’on va le suivre en train de marcher jusqu’à l’horizon. Mais qu’il est con, ha ha !
N’empêche. 47 km a pied, ça use…
6h53: penser à écouter "walking on sunshine" de Katrina and the waves.
6h58: Autre expression qui prend tout son sens. "La répétition fixe la notion".
7h05: Note pour plus tard: éviter la Hongrie l'été prochain. Les 30 suivants aussi. 
7h58: un éclaireur de SensCritique que je connais a bossé à Dia toute la journée aujourd’hui. Il a eu du bol, finalement.
9h16: PUTAIN ÇA Y EST ! J’AI L’IMPRESSION D’AVOIR FRANCHI EN VAINQUEUR L’ARRIVÉE À L’ALPE D’HUEZ !
10H78: elle est pas un peu détraquée, mon horloge ?
11h44: au fait, y a pas de suite, j’espère ?
12h00: penser à dire à ma mère que je l'aime.
114h66: Oh, une corde !

guyness

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