Impossible de nier que la bande-annonce de Sausage Party était d'une puissance humoristique dévastatrice. Il restait donc à savoir si ce concept ravageur allait tenir la route pendant 89 minutes. Verdict ? Fuck yeah.


Irrévérencieux, satirique, provocateur, drôle, inventif... Sausage Party explose nos attentes. Même sans être sensible à cet humour verbal ultra-vulgaire et plutôt envahissant (c'est le cas du crétin prétentieux que vous lisez), on est soufflé par l'efficacité avec laquelle le long-métrage exploite son speech de départ. On a pas affaire ici à une simple histoire de saucisse qui parle de fesses mais à un récit d'une force critique rare qui dézingue tout le monde à vue: les religions, les cultures ou même les idées politiques. Au delà de l'attendue charge contre la société de consommation, le scénario s'attache à dépeindre un super-marché qui fait étrangement penser à la petite ville de South Park. Allant jusqu'à s'attaquer à son propre public, le film met en évidence nos travers de façon assez... subtile sans laisser tomber une irrévérence omniprésente.


Car oui, Sausage Party est un hymne absolu à la débauche, assimilée aux droits de l'Homme les plus fondamentaux. Un fond provocateur servi par un détournement adroit et très riche des codes du cinéma d'horreur (faire du gore d'une telle créativité avec de la bouffe, c'est aussi original que bien pensé) et du film d'animation pour enfant, grâce à des idées visuelles omniprésentes, s’enchaînant sans relâche pour le plaisir de nos zygomatiques. Un cocktail extrêmement rafraîchissant et tout sauf gratuit. Car ici, on parle bien d'une population multi-culturelle s'interdisant une liberté naturelle (le sexe) de peur de représailles de la part de leurs dieux (nous), ce qui pourrait nuire à leur vie dans un au-delà qu'ils n'ont jamais vu, le tout grâce à une doctrine dictée par des dirigeants dépassés par la situation ! Peu étonnant que des associations liberticides se soient attaquées avec tant de violence au long-métrage: les seuls méchants de Sausage Party, c'est elles.


Finalement, le fait que "Promouvoir" s'insurge à propos de ce film, que l'association a bien compris ("libertaire et antireligieux", c'est exactement ça), est plutôt une bonne chose: le pamphlet a atteint sa cible. Que ce soit avec Gaspar Noé ou avec Seth Rogens, le sexe et la violence à l'écran ont toujours su faire rejaillir des traces de la force qu'exercent encore ces mouvements de pression religieux. Espérons qu'un jour, ceux-ci cesseront de se mêler des affaires de l'art, et que de telles satires ne seront plus nécessaires.

Jabo
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le 2 déc. 2016

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