Dieu est partout ! Mais vous ne le voyez pas ...

Dieu est partout mais on ne le voit pas ...


Je ne suis pas un croyant mais depuis que j'ai regardé ce film, je suis devenu un vrai fanatique.


Nous sommes totalement manipulés par un être divin sans même qu'on s'en rende compte de quoi que ce soit ...


James Wan et Leigh Whannell vont créer une oeuvre qui restera gravée dans mon esprit à jamais, même au delà de ma mort ...


Saw


Tout est dans le titre ...


Saw veut dire à la fois "a vu" du verbe voir et "scie" un instrument tranchant (ainsi que d'autres instruments du même type : hacksaw, chainsaw ...). À l'image d'un puzzle, Saw se trouve aussi dans le terme "Jigsaw" qui veut justement dire "puzzle", vous rajoutez "killer" et vous obtenez "le tueur au puzzle".


Si on termine l'assemblage du puzzle nous avons :


Un être machiavélique et mystérieux, un être divin omniprésent qui voit tout, un être divin qui a pour symbole la scie.


Tout est dans le titre ...


Nous débutons enfin le film et c'est la douche froide immédiate.
Adam Stanheight se réveille dans son bain accompagné d'une autre personne Lawrence Gordon et ils sont tous les deux enchaînés à une chaîne.


Vous n'avez rien remarqué ? Ou pas compris ?
C'est normal ... vous êtes comme nos personnages, une simple marionnette ...


Lawrence Gordon à gauche et Adam Stanheight à droite, en plein milieux un cadavre, ils sont dans une salle de bain insalubre.


Vous n'avez toujours rien remarqué ? C'est normal ... vous êtes manipulé ...


Que faire ? Dois-je lui parler ? Est-ce qu'il est honnête ? Cache t-il quelque chose ? Doit-on faire connaissance ? Doit-on coopérer ?
Ou ...
Dois-je être individualiste ?


Et vous cher spectateur ? Que feriez-vous à leur place ?


Après que nos personnages aient le temps de se présenter, c'est alors qu'un des deux nommé "Gordon" comprend qu'ils sont piégés dans cette salle de bain par Jigsaw, un tueur en série qui a réussi à faire croire un moment aux policiers que Gordon était le fameux tueur ...
Mais qui est cette personne ? Que veut-elle ?
Ils décident de chercher un quelconque indice qui leur permettrait de comprendre ce qui leur arrive.


Ils trouveront un magnétophone sur la main droite du cadavre ainsi que deux cassettes.


Une cassette est adressée à Gordon, la deuxième à Adam. Une voix sombre et mystérieuse leur explique les règles du jeu :


Gordon doit tuer Adam sinon sa femme et sa fille mourront et Adam lui doit s'échapper ...


Que faire ? Coopérer ou être individualiste ?


Nos personnages comprennent enfin qu'ils ne sont pas là pour rien, ils doivent expier leur péché ...


Gordon a trompé sa femme (luxure). Gordon a osé mentir à sa pauvre fille qu'il reviendra, qu'il sera davantage présent mais décide juste après d'aller profiter d'une de ses secrétaires.


Adam lui est un être cupide n'hésitant pas à suivre une personne jusqu'à même détruire sa vie privé pour une liasse d'argent, Adam est un photographe, c'est un voyeur assis dans l'ombre et observant les autres vivre leur vie mais comme Jigsaw le dit fort bien :



But what do voyeurs see when they look into the mirror ?



Vous l'aurez compris ...
Nos personnages sont des marionnettes, des objets que l'on méprise.


Et pourtant, la question que Jigsaw leur pose est toute simple :


Pourriez-vous me prouver qu'une marionnette peut s'extirper / s'émanciper de sa condition ?


Mais une marionnette ne peut saisir le message de son créateur, Adam est le premier à le dire :



I don't get it



L'être humain ne peut comprendre ce que Dieu cherche à lui dire.



Première partie




Scène de l’amputation : résumé



Alors que le temps est écoulé et étant donné que Gordon n'a toujours pas tué Adam, le présumer tueur décide d'appeler Gordon (un portable qui fait partie de ces indices et qui ne peut que recevoir des appels) pour lui dire par sadisme qu'il va enfin tuer sa famille. À ce moment précis, sa femme réussit à s'extirper des mains du tueur en attrapant son pistolet et son téléphone, alors qu'elle s'apprêtait à dire à son maris que tout va bien, trois coups de feu retentissent puis plus rien ...


Gordon est désespéré, il n'en peut plus ...
Soudainement il reçoit une décharge électrique et fait tomber le téléphone assez loin pour qu'il ne puisse le récupérer, quelque seconde plus tard le téléphone sonne de nouveau, c'est sa femme qui l'appelle pour lui dire qu'elle s'est échappait avec sa fille, mais le téléphone est beaucoup trop loin, Gordon utilise une boite en espérant récupérer ce fichu portable mais il n'y arrive pas ...
Gordon fou de rage perd complètement le contrôle, il aurait pu se servir de son t-shirt mais il a perdu toute raison ...
Il décide sous une colère inimaginable exécuter l'impossible, il se saisit de la scie et s'ampute avec détermination son pied, Adam faible et pâle l'interdit de commettre cette atrocité mais c'est trop tard ! Gordon se saisit du pistolet qui était près de la main gauche du tueur, recharge l'unique balle et tire sur Adam.



Explication de la scène d'amputation :



La scène que je viens de résumer montre trois choses :


-La conséquence d'une concurrence exacerbé.
-L'émancipation de la condition d'une marionnette.
-L'expiation de son péché.


La charge électrique ne vient bien évidement pas du présumer tueur Zepp mais bien de Jigsaw.
Le fait que Gordon fasse involontairement tomber le téléphone assez loin pour qu'il ne le récupère était la volonté de Jigsaw, ici Jigsaw se place comme une entité divine l'obligeant à suivre la règle initiale, Jigsaw l'oblige ainsi a mérité son pardon.
Tuer Adam donc une personne est un acte grave selon Jigsaw, mais ici c'est différent, en effet dans la cassette adressée à Gordon, Jigsaw lui dit :



Every day of your working life you have given people the news that they're going to die soon. Now, you will be the cause of death.



Sous entendu que : Gordon passe son temps à annoncer à de bonnes personnes qu'elles vont mourir, tandis que d'autre passent leur temps à ignorer l'importance de la vie, et Adam ignore l'importance de la vie, il le dit lui-même clairement lors de la scène de la cigarette empoisonnée, alors à quoi bon qu'il reste en vie ?


Ainsi Gordon prouve son amour envers sa famille en s'amputant puis tire sur Adam, exécutant la volonté de Dieu, et c'était la seule manière de gagner le jeu pour Gordon et d'être en adéquation avec la philosophie de Jigsaw, la cigarette n'étant qu'une simple illusion, Jigsaw sachant pertinemment qu'Adam ne la fumerait pas ou que Gordon l'utiliserait pour bluffer Jigsaw, c'est un objet factice que Wan s'est servi pour trois choses : créer un aspect ludique à travers ce bluff imaginé par Gordon, accentuer davantage le fait qu'on ne berne pas le tueur aussi facilement et surtout l'introduire comme quatrième plot twist afin d’accroître la puissance de cette fin machiavélique qui a déjà atteint son paroxysme au deuxième plot twist.


Une scène peu subtile au premier abord mais qui pourtant renferme bien des propos et des sous-entendus ...



La scène finale : résumé



Alors que Gordon a tiré sur Adam qui s'est écroulé par terre.
Le présumer tueur "Zepp" a malencontreusement laissé échapper la femme et la fille de Gordon, étant donné qu'il n'a pas respecté les règles du jeu, Gordon doit mourir.
Le policier Tapp a enfin retrouvé ce fameux tueur au puzzle qu'il cherchait tant et il s'avère que c'est Zepp, il se met ainsi à sa poursuite, et tous les deux finiront par rentrer dans l'usine où se trouve nos deux protagonistes (Adam et Gordon), s'en suivra une longue série de coups de feu où Zepp sortira vainqueur.
Lorsque Zepp ouvre la porte de cette cultissime salle de bain, il remarque que Gordon s'est amputé un pied tandis qu'Adam gît par terre probablement mort.
Après que Gordon l'ait insulté de tous les noms possibles et inimaginables, Zepp lui réplique en disant que c'est trop tard, il pointe le pistolet sur Gordon lorsque soudainement Adam qu'on croyait mort, l'attrape par les jambes le fait écrouler sur le sol et l'abat sauvagement par le biais d'une dalle près des toilettes.


Gordon s'approche d'Adam détruit par les événements, s'excuse de ce qu'il a commis et lui promet de trouver des secours, il finit par atteindre la porte en rampant et disparaît (surement mort par la perte de son sang).


C'est alors que débute la scène culte ! Une scène d'une intensité jamais égalée ! Une scène qui foudroie et paralyse littéralement le spectateur !


Adam se retrouve seul dans cette salle de bain, il décide de fouiller le corps de Zepp en espérant de trouver la clé qui lui permettra de se défaire des chaines, mais au lieu de ça, il trouve un deuxième magnétophone ... et lorsqu'il lance l'enregistrement une musique extradiégétique se met en marche, à ce moment précis le spectateur est stupéfait, alors que nous pensions que Zepp était le tueur au puzzle ou peut-être son complice, on se rend compte qu'il a été lui aussi victime du tueur, la voix qu'on entend dans ce magnétophone est la même voix que dans le précédent magnétophone et voici ce que Jigsaw dit :



Hello Mr. Hindle. Or as they called you around the hospital : Zepp. I want you to make a choice. There's a slow-acting poison coursing through your system, which only I have the antidote for. Will you murder a mother and her child to save yourself ? Listen carefully, If you will ... there are rules ...



Une révélation qui détruit le spectateur, qui foudroie Adam, la musique quant à elle devient de plus en plus intense à chaque mot prononcé par Jigsaw, des flash back et des cut surgissent et nous étourdissent, et lorsque Jigsaw a fini de raconter les règles du jeu, lorsque le magnétophone s'arrête enfin de tourner, la musique devient plus calme laissant au spectateur encore le souffle, laissant le spectateur la possibilité de rester en vie après cette terrible révélation, mais ce n'était qu'une illusion ! Car Adam et le spectateur font fassent à une deuxième révélation ! La révélation qui mettra Adam et le spectateur dans le coma éternel !


Un homme se relève tout doucement, et cet homme ! Et cet homme ! C'est le cadavre qui gisait là au milieux depuis le début ! Dieu est partout mais on ne le voit pas ! Tout était devant nos yeux ! Il était là le tueur ! En plein milieux du récit ! Mais l'homme est aveugle !
Ce cadavre que Personne n'y prêtait attention était le tueur !
Cet être se relève tout doucement, à quatre patte, la tête presque levé au ciel, cet être n'est pas qu'un simple être, mais un être divin, c'est Dieu qui se ressuscite tel un phœnix parmi les morts !
Sa manière de se lever montre toute la beauté du machiavélisme ! C'est la deuxième révélation !
Jigsaw est sur le point de donner le poing fatal à Adam et à nous le spectateur alors que nous sommes déjà dans un coma éternel ! Il s'apprête à nous détruire littéralement ! C'est alors que Jigsaw nous regarde et nous dit avec sa voix usé et décrépit :



Key to that chain ... is in the bathtub.



C'est la troisième révélation !
La musique qui était douce se remet en marche, elle redevient de plus en plus intense, Adam se met alors à avoir des flash back et se rappelle le moment où il s'est réveillé dans la salle de bain avec une clé sur sa poitrine mais elle a fini par couler dans l'évier sans qu'il ne puisse s'en rendre vraiment compte. Il n'y a plus d'issue nous dit Jigsaw !


Mais Adam détruit par les événements n'a pas dit son dernier mot ! Dans son instinct de survie ! Dans son élan ultime ! Il décide de récupérer le pistolet de Zepp mais alors qu'il s'apprêtait à lui tirer dessus, Adam reçoit une charge électrique ! Tel la foudre de Zeus qui s'abat sur les hommes ! Adam et le spectateur sont paralysés ! Foudroyés par cette quatrième révélation car nous comprenons enfin d'où venaient ces charges électrique ! Adam ne peut plus rien faire, ce n'est qu'une marionnette et restera qu'une marionnette ...


Lorsqu'Adam comprend enfin qu'il n'y a plus d'issue, qu'il vit la fatalité ultime, Jigsaw finit par énoncer une toute dernière phrase culte qui nous glace littéralement le sang :



Most people are so ungrateful to be alive. But not you ... Not anymore.



La musique atteint de plus en plus son apogée, Jigsaw nous tourne le dos, sa colonne vertébrale est semi-courbée, il s'avance vers la porte, il la ferme et nous dit :



Game Over !



Adam, impuissant, pousse ses derniers cris de désespoirs qui finissent par s'éteindre tout seuls, et tout devient sombre, tout devient néant.


La musique a atteint son apogée le moment même où Jigsaw a fermé cette porte. Mais cette musique continue de planer doucement accompagnant le spectateur dans les crédits.


Le spectateur est toujours assis face à son écran qui est noir depuis déjà 1 heure ...



Explication de la scène finale :



Je pense que mon résumé suffit pour expliquer toute la puissance que dégage cette fin.


Vous l'avez compris.


Il y a deux termes qui nous viennent à l'esprit dès qu'on voit cette sublime fin : divin et fatal.
Tout est là pour montrer à nous le spectateur la beauté du fatalisme divin. Cette fin réussit à séduire le côté sombre et machiavélique de l'être humain.


Mais attention ! Je ne suis pas entrain de dire qu'Adam avait un destin scellé ! Justement, il pouvait s'en sortir mais il ne l'a pas fait ...


Mais laissez-moi vous expliquer pourquoi il n'a rien fait car tout se trouve dans une phrase que j'ai citée précédemment, la voici pour rappel :



Most people are so ungrateful to be alive. But not you ... Not anymore



Maintenant rappelez-vous ... cette phrase est citée mot pour mot de la même façon durant une autre épreuve ... oui l'épreuve avec Amanda avec le piège à ours inversé.


Exactement la même phrase que celle de fin, mais qui pourtant n'exprime pas la même chose ! Et elle est là la puissance de cette phrase !
En effet, lorsqu'elle est dite pour la première fois c'était pour félicité Amanda pour la réussite de son épreuve : "beaucoup de personnes sont ingrates d'être en vie, mais pas vous ... plus maintenant." sous entendu que désormais elle comprendra l'importance de la vie.


Maintenant je vous laisse appliquer cette phrase dans le contexte d'Adam ...


Oui ... c'est terrifiant. J'espère que vous ressentez toute la puissance de cette fin.


Adam est donc mort car il n'a prouvé qu'il voulait vivre, pire encore, il sous-estime l'importance de la vie, en effet rappelez-vous de la scène de la cigarette où il se fiche de crever du cancer ! Ayez en tête aussi que Jigsaw est atteint d'un cancer dans le cerveau, vous comprenez donc que c'est plus qu'une insulte pour notre tueur au puzzle ...


Donc Adam s'est enfoncé tout seul dans cette fatalité, il a créé lui-même cette fatalité, le temps s'est écoulé, il n'a absolument rien fait pour survivre, il a donc subi les conséquences où Jigsaw lui fait prendre conscience l'impacte de son choix, certes d'une manière très machiavélique usant d'un événement prédéterminé (et là je fais référence à la clé qui n'était bien évidemment pas une issue possible pour Adam) pour exprimer toute la puissance de cette issue fatale ainsi que sa beauté.


Ceci étant dit, je dois désormais évoquer le cas de Zepp.
En effet certains se sont peut-être demandés : pourquoi est-il aussi victime du tueur ?


La raison est toute simple.


Zepp est un homme rempli de sadisme et vous avez deux scènes montrant ce sadisme à savoir la scène du stéthoscope et la scène où il oblige la femme de Gordon à l'appeler pour lui dire qu'il a perdu. On en conclut donc que durant son séjour à l’hôpital Jigsaw a dû s’apercevoir de cet aspect sadique venant de Zepp.


Donc Jigsaw a introduit Zepp dans ce test en ayant injecté dans son corps un poison lent et il lui a expliqué toutes les règles par le biais d'un magnétophone. Tout ça dans le but de voir s'il serait capable d'exécuter son sadisme jusqu'au bout. Serait-il capable de kidnapper une mère et son enfant puis les tuer si Gordon échouait ? Ou se laisserait-il mourir afin de trouver rédemption ? Cependant il pouvait éviter ces deux extrêmes, Zepp ayant la possibilité d'appeler Gordon et lui expliquer toutes les informations reçues par Jigsaw et le convaincre de s'amputer et abattre Adam par le biais du pistolet placé sur la main gauche du tueur et de la balle cachée dans la boite, ce qu'il ne fera pas, préférant observer souffrir ces pauvres marionnettes plutôt qu'utiliser l'arme qu'est la communication.


Nous sommes en droit de se demander si c'est dans la philosophie de Jigsaw d'octroyer l'antidote à Zepp si ce dernier venait à exécuter l'impensable ...
Ce à quoi j'ai deux explications dont une théorie ce qui n'engage que moi.


Soit Jigsaw lui ferait bien comprendre l'atrocité qu'il a commis (en insistant sur le fait que ça le traquera toute sa vie).
Soit Zepp n'était pas empoisonné et ce n'était qu'un bluff de la part de Jigsaw, dans ce cas, on imagine le moment où Jigsaw s'approche dans l'ombre vers Zepp lui annonçant cette nouvelle et le laissant face à cette révélation et les atrocités qu'il a commis pour rien (bien évidemment ce n'est qu'une théorie mais je la trouve plutôt pas mal).


Voila concernant cette fin dont je suis complètement fanatique et que je trouve bien meilleur que celle de Se7en, mais pour expliquer cela, il est temps pour moi d'évoquer les références de Saw.



Deuxième partie




Les références de Saw :



Les références de Saw sont constitués principalement de deux films Se7en et Usual Suspects, ces deux références nous tapent littéralement aux yeux, on pourrait aussi citer un autre film de Fincher : The Game, et éventuellement celui d'Argento : Profondo rosso (Les Frissons de l'angoisse).
Selon moi, Saw se sert de Se7en et d'Usual Suspects comme mélange pour offrir au spectateur l'ultime film sur le sadisme et sur le twist, deux concepts les plus exacerbés que j'ai pus voir dans ma vie, ils atteignent leur paroxysme dans Saw, et je le pense sincèrement malgré l'aspect série B et certaines zones d'ombre, car Saw est loin d'être parfait.


Pour commencer, Saw démarre comme un film à concept à savoir un "huis-clos" ce qui le différencie des autres, c'est aussi un métrage qui démocratisera le sous genre du "torture porn" voir l'inventer pour certain.
La référence à Se7en est très clair, à l'instar de John Doe, Saw possède son propre tueur en série : Jigsaw. Et lui aussi va mettre en place son oeuvre, mais il n'a pas le même but que Doe puisque si le principe est le même, faire tourmenter ses victimes jusqu'à l'épuisement totale, cependant ici il n'est pas question d'une fatalité absolue, mais d'expier ses péchés par la souffrance pour pouvoir s'en sortir mais pas seulement, ça dépendra des victimes, pour Gordon c'est aussi prouver son amour envers sa famille. Contrairement à John Doe où règne le pessimisme constant et une fatalité inévitable, ici on doit vivre l'enfer pour retrouver la liberté (je rappelle que la mort peut-être perçu comme une forme de liberté, comme Zepp par exemple qui pouvait se laisser mourir et trouver la rédemption).
Saw aurait pu tenir son concept jusqu'au bout mais au vu de la complexité de l'histoire ils étaient obligés de se tourner vers le genre thriller/policier comme Se7en, ainsi nous aurons de multiple flash back notamment ceux du détective Tapp lorsqu'il traquait le tueur avec son collègue, ceci n'est pas sans rappeler le duo tant adulé Brad Pitt et Freeman.
Pour ce qui est d'Usual Suspects c'est plus ou moins similaire, une enquête avec des flash back pour retrouver un meurtrier qui deviendra aux yeux du public une légende nommé Keyser Söze. On en déduit que Wan et Whannell ont voulu aussi crée leur propre légende. Les trois tueurs ont un point en commun : ils sont "imprévisibles", trois personnages qui se positionnent au-dessus de tout le monde, ils ont une longueur d'avance sur absolument tout, ils nous manipulent avec perfection qu'on en devient juste fascinés, nous sommes stupéfaits par ce trio. J'arrive enfin au dernier point commun des trois films, l'ultime point commun, c'est le plot twist. Le but des ces trois fin est de montrer le génie suprême des tueurs, c'est montré leur grandeur et stupéfaire le monde, leur but c'est de nous laisser bouche bée sauf que Saw est une exception puisque lui va encore plus loin dans l'idée en insérant non pas un twist (exactement le même que celui d'Usual Suspects) mais en rajoutant trois autres de manière la plus sadique qu'on ait pue voir (je vous renvoie à mon texte résumant la fin du métrage dans lequel j'insiste sur ces quatre twist et leurs ampleurs vis à vis du public), et je ne parle même pas de la musique qui enveloppe et retranscrit parfaitement le machiavélisme de cette fin. C'est en cela que je trouve Saw comme l'ultime film sur le sadisme et le twist.
J'en profite pour glisser un mot sur Se7en et sa fin qui m'a déçu au deuxième visionnage, en effet je trouve que Fincher n'est pas assez jusqu'au-boutiste dans sa retranscription de la fatalité, préférant ainsi le trajet en voiture plutôt que cette fin qui reste selon moi trop académique, il manque une musique glaçante comme Saw l'a fait, il manque des plans léchés pour accentuer l'instant présent et le fatalisme, et au lieu de faire cet horrible cut pour passer à la scène suivante (avec Pitt dans la voiture) Fincher aurait dû créer un plan fixe de 20 secondes voire plus afin de montrer l'impacte de la décision prise par Pitt.
Pour terminer avec les références nous avons aussi The Game de Fincher, dans ce métrage vous verrez une scène où notre protagoniste fixe des yeux une marionnette ne comprenant pas qui a pu l'amené chez-lui, cette scène rappelle fortement l'épreuve d'Amanda où soudainement la télé s'allume et nous montre cette monstrueuse marionnette (créée par Wan lui-même). La marionnette dans The Game symbolise le bonheur. En effet nous suivons un bureaucrate, un homme d'affaire nommé Nicholas qui possède absolument tout et par conséquent il s'ennuie profondément, il ne comprend pas l'intérêt de vivre. La poupée dont on parle essaye de donner un semblant de joie dans la vie de cet homme, ce peps qui lui manque pour se sentir mieux, cette poupée le prévient qu'il va devoir jouer à un jeu. Dans Saw c'est exactement la même chose, cette marionnette regardant froidement Amanda lui annonce qu'elle va enfin comprendre l'importance de la vie (si elle réussit ce test), en effet rappelons-le qu'Amanda est suicidaire et s'est droguée à de multiple reprises. Tel un Dieu qui peut même incarner les objets, Jigsaw lui dit (avec une certaine ironie noire) que le bonheur se trouve juste après la réussite de ce petit jeu.



Troisième partie




Des difficultés à surmonter :



Saw est sans aucun doute possible une série B fortement ambitieuse tentant de séduire Hollywood, ce qu'il parviendra avec succès, en effet pour 1.2 millions de dollars, le métrage rapporte plus de 100 millions au box office étant désormais l'un des métrages horrifiques les plus rentables au cinéma, ce succès permettra à James Wan de se hisser parmi les plus grands réalisateurs du genre horrifique du vingt et unième siècle avec à son compte des bombes tels qu'Insidious ou Conjuring pour ne citer qu'eux.
Cependant Hollywood, ne voyant que le succès qu'il a engendré, décidera d'en faire une saga, mais n'ayant pas compris le centième du métrage de Wan / Whannell et ce qui fait toute la puissance du film, ils vont faire n'importe quoi et massacrer la réputation d'une oeuvre grandiose, renvoyant désormais Saw aux yeux du public comme un simple teenage movie pour ados décérébrés en manque de gore, car c'est tellement divertissant de voir tous les vices que subissent les personnages, bien évidemment Saw c'est bien plus que ces idioties propagées par des élitistes remplis de fainéantise intellectuelle qui n'ont jamais réellement regardé Saw premier du nom.
Il est important de préciser la difficulté de production de Saw. Pour commencer, Saw a failli ne jamais sortir au cinéma. Me semble-il aussi qu'il y a une vidéo de James Wan expliquant comment a-t-il parvenu à obtenir un financement s'élevant de seulement d'un million, et autant dire qu'il en a souffert le bougre étant obligé de convaincre le producteur (de Lionsgate j'imagine), notamment en produisant un petit court métrage.
Saw a été tourné seulement en une vingtaine de jour, les acteurs n'en sont même pas mais des personnes lambda (excepté Danny Glover et Michael Emerson qu'ils ont réussi à dénicher, paradoxalement Emerson c'est celui qui joue le moins bien son rôle), ils ont eu quelques problèmes de casting au point où Leigh Whannell s'est initié en tant qu'acteur principal du film et ont même retourné certaines séquences par eux-mêmes. James et Leigh ont aussi contribué au financement du métrage, Leigh a déboursé près de 6000 dollars rien qu'à la scène du piège à ours inversé, une scène qui dure 2 minutes.



Conclusion :



C'est en cela que je trouve Saw comme une série B ambitieuse, non seulement pour sa production mais aussi pour sa volonté de renouveler / démocratiser un genre méconnu du public sans jamais rentrer dans le grotesque ou le ridicule, leurs buts c'est d'être innovant en s’imprégnant des références et aller encore plus loin, pousser deux idées à leur paroxysme, à leur extrême, les rendre les plus aigus possible : le sadisme et le twist, les exacerber le plus possible pour créer le film ultime sur le machiavélisme et le plot twist. Et en cela je remercie James Wan et Leigh Whannell pour leur film, qui malgré certaines maladresses et des zones d'ombres, restera incontestablement leur meilleur long-métrage, non seulement le meilleur de toute leur vie mais surtout celui qui fascine, qui stupéfait, qui marque à jamais notre subconscient.


Saw c'est cet enfant abandonné par ses deux parents millionnaires le jugeant comme une honte de la famille, Saw c'est ce pauvre enfant qui souffrira beaucoup de ce rejet, mais malgré ce désespoir il n'a en tête qu'un seul objectif : leur prouver qu'il peut les surpasser. C'est un enfant très maladroit mais son objectif sera atteint, son succès sera monstrueux.


Saw a beaucoup souffert pour cela, mais comme Jigsaw le dit fort bien :



Most people are so ungrateful to be alive. But not you ... not anymore.


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le 19 nov. 2019

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