Mais pourquoi autant de cruauté BORDEL !?!

J'ai pas pour habitude d'écrire des critiques de DTV, ni même de voir des films sortant directement en dvd, blu-ray et toutes plateformes de téléchargement légal, et pourquoi légal ? Non en fait on s'en fout.
Mais pour Scenic Route je vais faire une exception. Alors vous vous doutez bien que pour que ce long-métrage me sorte de ma léthargie estival (la flemme ayant pris le dessus sur mon envie d'écrire), faut vraiment que celui-ci m'ait vraiment surpris.
Au départ, j'en attendais absolument rien, la bande annonce ne m'avait pas marqué, le duo d'acteurs ne me disait vraiment rien qui vaille mais je me faisais assez ch*er donc je me suis dis "pourquoi pas".
Et la surprise fut total, au-delà du miracle de ne pas m'être ennuyer une seconde devant ce quasi-huis clos, les trois quarts du film se déroulant dans le pick up ou dans ses alentours, c'est dans le discours et les dialogues que le film tire sa plus grande force. Même si il paraissait évident que ce long-métrage allait essentiellement reposer sur son écriture (faut bien les combler les 1h25...), force est de constater que rarement j'avais assisté à des dialogues autant lucide et empli de sincérité sur notre société d'aujourd'hui. Chacun des deux amis du film représentant une "facette" des alternatives possibles dans notre société moderne. L'un est donc marié, père, vit dans une banlieue américaine classique, a abandonné tout ses rêves pour se consacrer à son job qu'il n'apprécie pas (Josh Duhamel) et l'autre a tout simplement fait un gros doigt d'honneur à ça, refusant de laisser sa vie s'enliser dans la banalité du quotidien mais vivant dans sa caisse tel un clochard (Dan Fogler). A se demander comment ces deux types ont pu être amis à un moment de leurs vies tant ils semblent si différent par les chemins choisis. Ce voyage en voiture afin de se retrouver "comme au bon vieux temps" va être, avec la panne de voiture, le moyen et le moment pour les deux personnages de se confier, surtout celui de Josh Duhamel, sur leurs quotidiens. Avec des mots pourtant très simples, le long-métrage parvient à aborder très justement des sentiments complexes, auxquels donnent vie Dan Fogler mais encore une fois, surtout Josh Duhamel. Sa prestation rappelant la surprise qu'avait été celle de Ryan Reynolds dans Buried (bien que son personnage soit totalement différent de celui de Reynolds), qui réussissait à tenir le film sur ses épaules pendant 1h30.
Seulement, je garde une petite réserve sur la fin de Scenic Route, j'aurai aimé ne pas être contraint de la spoiler étant donné que j'écris en partie cette critique pour donner envie à des personnes de le voir, car il mérite d'être plus connu, mais, ici, le choix ne semble pas s'offrir à moi. Donc, si vous l'avez pas déjà regardé, c'est le moment de vous arrêter ici et d'aller directement à la conclusion.
Pourquoi, POURQUOI, faire une fin aussi cruelle ? Pendant 1h20 on joue avec les nerfs des personnages (et ceux du spectateur), qui tantôt se confient sur leurs vies respectives, tantôt se foutent sur la tronche, ils se tapent un manque de bol pas possible et quand vient enfin le moment de la délivrance, et bien non, vous l'avez dans le c*l, finalement ils crèvent après tout avoir tenté. Cette conclusion me rappelant celle de Martha Marcy May Marlene, où le réalisateur et scénariste Sean Durkin nous laissait sur une (petite, certes) pointe d'espoir pour les plus optimistes d'entre nous avant que le dernier plan vienne mettre un terme à tout ça pour de bon. En résulte chez le spectateur une violente frustration doublé d'un coup de pompe devant ce final si pessimiste.
Mais ce n'est pas tant la fin qui me dérange, après tout, elle demeurait cohérente (là où la résolution du problème grâce au portable ne l'était pas) avec ce que l'on venait de voir mais pourquoi alors nous faire une happy end longue de 10 minutes ? Ça relève du sadisme à ce stade-là !
La encore, ça m'a fait penser à un autre long-métrage, La 25ème Heure, où le film abordait de la même manière une possible alternative, en nous faisant croire pendant un bon quart d'heure bien chiant (la voix-off de Brian Cox était hautement casse-burnes) que tout allait bien se finir alors que... non.
(Ça c'est la conclusion, pour ceux qui ne voulaient pas être spoiler) Cela n'enlève en rien toutes les qualités du film, même la fin, bien que très déplaisante, demeure vraiment originale et couillue de la part des deux réalisateurs. Scenic Route (rien à voir avec la voiture du coup...) fait bien plus que tenir la route, contrairement au pick-up du film, en usant de son postulat pour offrir une excellente réflexion sur le quotidien de la vie.
Captivant.
-Icarus-
8
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Créée

le 23 août 2014

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-Icarus-

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