Trop moderniser une licence était-elle la bonne idée ?
Warner Bros a des envies de créer un nouvel univers cinématographique. Pourquoi pas de l’animation pour changer ? Pourquoi pas l’univers des œuvres de chez Hanna Barbera ? De quoi redonner une seconde vie à des dessins animés que les enfants de notre temps ne connaissent pas ? Pour le baptiser, quoi de mieux que de commencer par Scooby Doo en portant ce personnage sur grand écran? Il ne sera pas question cette fois de nouveau Live Action, plutôt un film d'animation proche de ce que l'on peut voir chez Dreamworks, Blue Sky Studios, et Illumination Entertainment.
En vue du résultat, tout du moins visuellement, Warner n’a pas chômé. Le Scooby gang a droit à une nouvelle jeunesse. Non seulement « Scooby ! » reboot toute l'histoire, mais en plus il propose de suivre nos héros sous une nouvelle forme. Et quelle forme. Rien que pour l'esthétisme hyper détaillé tels les poils de Scooby, les expressions, le tout sans altérer le trait de base des personnages, ce film commence bien. Raconter comment Sammy et Scooby ce sont rencontrés, comment leur amitié si forte a été créée, puis comment le Scooby gang a été formé, telle est la première mission de ce premier film situé à notre époque. En un petit quart d'heure, les nostalgiques et fans des récentes séries de Mystères et Cie retrouvent dans les moindres détails tout ce qu'ils aimaient de cet univers.
« Tel maitre, tel chien ». Vous la connaissez cette expression. Le caractère du chien vient toujours se calquer sur celui du maitre. Si le maitre est de nature anxieuse, vous pouvez être sûr que le chien le sera tout autant. Tel maitre, tel chien, Sammy et Scooby Doo en sont l’exemple type voir au-delà. Ils sont fusionnels, ne se quittent jamais, raffolent des mêmes plats, sont tous les deux très peureux. Ici, leur première aventure mettra déjà leur amitié à rude épreuve.
Tout partait plutôt bien sur ce point, puis les traits, expressions et personnalité inchangée de héros, le retour de la vf actuelle (rappelons qu’en cas de reboot, pour la majorité des cas, on y échappe pas), les clins d'œil subtils, le chara design, l'ambiance, jusqu’aux bruitages. Le film installe son campement là où sa place n'était pas. Toute l’âme de Scooby se mélange au monde des animés récents.
Le trop plein de morceaux musicaux « cool » ainsi que toutes ses touches de modernités n’ont pour conséquence que de dénaturer ce qui a toujours rendu si unique Scooby Doo. Sa force d’antan a été perdue, son essence n’est plus présente, ce Scooby semble bien fade.
Relèvant plus du DTV de luxe que d’adaptation filmique soignée, il se transforme en œuvre très bruyante pour rien. Les gags fonctionnent à moitié, l’histoire ne passionne pas, le rajout de Blue Falcon et son chien Dynomutt (issus d’une série d’Hanna Barbera inédite en France) a été la pire idée. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que ceux ne connaissant pas ces personnages vont une nouvelle fois sortir de leur gong à l’idée de voir des super héros en collants squatter un film.
-Pas mal pour une petite bande de jeunes.
-On devrait peut être continué à faire ça?
Des péripéties ennuyeuses
La déception ne s’arrête pas là. Pour un film supposé faire office de préquel en contant la naissance de l’amitié Scooby et Sammy puis la naissance du Scooby gang, on peut dire que c’est pour le moins expéditif. Warner se précipite, passé les 10 premières minutes, le groupe est déjà formé et enchaine déjà les affaires. Sauf que nous, on nous a vendu un film racontant les origines, on espérait donc que tout ça prendrait plus de temps, qu’il y aurait développement. Hors, ce n’est pas le cas, tout se retrouve survolé, expédié pour mieux s’attarder sur une première grosse enquête sympa sur certains points mais qui finalement ne reflète absolument le type d’enquête liées au Scooby gang (à part les derniers téléfilms sortis). Coller un groupe de super héros en tant qu’alliés principaux pour un tout premier film n’était pas le bon moment.
Nous proposer une véritable enquête pleine de mystère cherchant à démasquer un monstre terrifiant, soit le point central de chaque aventure depuis 50 ans, c’était ça le plus judicieux. Pensez bien que ça ne collerait pas à la majorité des animés de notre époque, que les producteurs sont toujours autant persuadés que chutes et hurlements suffisent à combler les petites têtes blondes. Reste heureusement l'amitié Sammy Scooby qui elle, n’a pas subit de dommages.
L'ADN de la série depuis ses débuts, je ne l'ai pas ressenti. Tout sonne trop facile (alors que les easter eggs sont subtils), trop grossier, ne coïncidant pas avec ce que nous offre ce film et son animation d'une qualité rivalisant avec les derniers Disney! Tout le charme de la licence ne se montre que rarement et même si j'ai pris un immense plaisir à retrouver mes personnages préférés, sauté de joie « intérieurement » sur mon fauteuil tel un enfant repérant les surprises parsemées un peu partout, je me suis retrouvé vite à somnoler devant un film que je n'ai pas savouré. Les super héros, les robots et la Science Fiction n'ont pas leur place dans un Scooby Doo ou si mais bien plus tard. Pas pour un premier film.
Au final, « Scooby ! », chara design de folie, surprises de folies, retour de la VF actuelle, de l'émotion et plein de clins d'œil subtils à l’univers d’Hanna Barbera. Hélas vouloir trop moderniser la licence au point où on finit par ne plus la reconnaitre, multiplier les références aux modes actuelles, vouloir à tout prix rendre le film cool, en y ajoutant du super héros, des gags de notre époque marchant une fois sur cinq, une ambiance frénétique, plus la touche de modernisme transforme le pauvre Scooby gang en animé surfait. Tuner la Mystery Machine ?!!! Je m’insurge, c’est de l’anti Scooby Doo. Je suis un peu dégoûté, pas totalement. Je veux y croire, j'espère voir naitre le Hanna Barbera Universe pour que les enfants de notre époque découvrent toute la pléiade de personnages hauts en couleurs de ce studio.