Mon rapport avec le cinéma d'Edgar Wright est assez étrange. Shaun of the Dead m'avait déçu, puis au second visionnage, j'ai adoré. Ce fût l'effet inverse pour Hot Fuzz, que j'encensais auprès de tout le monde tant il m'avait mis dans un état jouissif exceptionnel. En revisionnant Scott Pilgrim, mon sentiment ne fût pas aussi extrême, j'apprécie toujours le film mais il m'emballe moins. C'est un régal visuel et son montage est fabuleux, mais au bout d'une heure, cela devient répétitif et on se lasse.


On va commencer par les côtés positifs du film. Edgar Wright est doué, dire le contraire est passible de la peine de mort très lente. Dans toutes ses œuvres, il nous régale avec des plans fabuleux où des idées géniales. Son montage rend encore plus hommage à son travail et lui permet d'avoir un style qui lui est propre. On se demandera encore longtemps ce qu'il serait advenu d'Ant-Man sous sa direction, enfin bref.... Avec Scott Pilgrim, il peut donner libre cours à sa folie visuelle à travers un graphisme aussi délirant que les adversaires de son héros. Il passe d'un plan à un autre, d'une pièce à une rue en un clignement d’œil. C'est jouissif, avec aussi cette dose d'humour pour ne pas prendre au sérieux ce film à part. C'est décalé avec des moments d'anthologie, comme le premier duel face à Matthew Patel (Satya Bhabba). Son absurdité, sa danse et ses chants rendent ce moment à part. C'est peut-être la meilleure scène du film.


Ces références à la pop culture sont aussi un régal. Les incrustations rappellent que le film est l'adaptation d'un comics, tout en nous donnant des informations et sentiments sur les personnages. Ces idées narratives rendent l'ensemble fun, comme le moment Seinfeld. Puis il y a Michael Cera, le sympathique loser qui n'a rien d'un super-héros et pourtant Edgar Wright va réussir à le rendre crédible, une sacrée performance. Il plait à Elizabeth Winstead, Brie Larson et Ellen Wong, ça mérite le respect et de la jalousie, joue dans un groupe de rock avec Alison Pill (pas encore horriPILLante), Aubrey Plaza lui courre après tout en l'insultant et il partage son lit avec son coloc Kieran Culkin et tout cela, sans qu'on remette en doute la crédibilité des faits. La raison est toute simple, il reste un adulescent maladroit et timide, se transformant lors des duels pour obtenir le cœur de sa belle.


Le casting est une pépinière de jeunes talents en devenir. Brie Larson renverse tout sur son passage, avec States of Grace, The Spectacular Now et surtout Room qui lui a valu l'oscar de la meilleure actrice, elle est devenue une des actrices les plus demandées et populaires de sa génération. Michael Cera était déjà un talent reconnu et semble avoir du mal à trouver un nouveau souffle. Il faut dire qu'il avait déjà à son actif l'excellente série Arrested Development (dont on attend une nouvelle saison sur Netflix, même si la précédente fût laborieuse) et les films Juno, SuperGrave et Be Bad!. Mary Elizabeth Winstead a récemment brillé dans 10 Cloverfield Lane et alterne les grosses productions comme les Die Hard 4 et 5 ou ceux plus confidentiels tel Kill The messenger. Elle tient actuellement le premier rôle de BrainDead, une série CBS. Aubrey Plaza a brillé dans le culte Parks and Recreation, puis Dirty Papa. Alison Pill était dans The Newsroom et a fait des apparitions dans Snowpiercer et Ave, Cesar!. Anna Kendrick était dans les Twilight, puis End of Watch, The Hit Girls, Into the Woods où encore Pitch Perfect 2. On notera aussi la présence de Jason Schwartzman, Chris Evans, Thomas Jane et Clifton Collins Jr en caméo. Une abondance de talents qui ne nuit pas à la qualité du film.


Enfin, le coté négatif. C'est sa répétition qui finit par lasser. On est comme dans un jeu vidéo et après un premier duel de haute volée, les autres n'atteignent jamais son excellence, même pas celui avec le talentueux Jason Schwartzman. Le temps s'étire, la romance est basique et on attend son dénouement convenu. Certes, cela reste agréable visuellement et l'humour est toujours présent, mais on a l'impression d'être passif devant ce spectacle. Alors oui, on est spectateur donc forcément assis au fond de son fauteuil avec pour celle activité de regarder ce qui se déroule sur l'écran. Sauf qu'il faut aussi stimuler mes neurones où m'émerveiller. C'est avant tout un divertissement visuel où le talent se trouve principalement dans l’œil de la caméra d'Edgar Wright.


C'est un régal pour les yeux, moins pour le cerveau. C'est divertissant, fun et rempli de bonnes idées. Le casting est un mélange de talents reconnus et en devenir. La virtuosité d'Edgar Wright éclabousse l'écran de tout son talent. Un indispensable pour les fans et pour ceux qui ne le connaissent pas encore, mais cela existe ?

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le 29 juil. 2016

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Laurent Doe

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