Vaughn distribue patates et punchlines comme personne

Pour son deuxième essai en tant que réalisateur, S Craig Zahler, à qui on devait en 2015 le très lent, très cru, très bon western old-school lorgnant vers le bon vieux Z des familles Bone Tomahawk, est de retour pour quelque chose de différent.


Différent ? Oui, mais pas tant, on a affaire à quelque chose d’aussi léché visuellement que très posé en terme de mise en scène. Zahler aime prendre son temps avec son action, ses personnages, et plutôt que de surdécouper inutilement, il préfère adopter un style sobre et lent, à mille lieux du tout venant actuel.


Bradley, dépanneur automobile au sombre passé perd son emploi, et réalise que sa femme, qui à fait une fausse couche, le trompe, classique. Et plutôt que de faire un remake de Chute Libre, il préfère défoncer une voiture à mains nues avant de rentrer chez lui, faire le point et reprendre son ancien job : passeur de drogues.


Et alors que tout va pour le mieux 18 mois plus tard, Bradley doit faire équipe avec de nouveaux partenaires pour une livraison qui se passera mal, et le fera atterrir en prison, loin de sa femme de nouveau enceinte. Et alors que cette dernière se fait kidnapper par ses anciens commanditaires, Bradley n’a d’autre choix que d’éliminer un prisonnier situé dans un quartier haute sécurité, la prison dans la prison, le bloc 99.


Entendons nous bien, le scénario de Brawl in Cell block 99 ne vaut pas grand chose. Du B qui lorgne vers le Z assurément, mais peu importe, ce qui prend au tripes, ce n’est pas le script, mais la brutalité des séquences d’action, l’interprétation de Vince Vaughn, parfait en homme à fleur de peau, toujours à la limite de l’implosion, lion en cage qui ne doit sa santé mentale qu’a sa capacité à se retenir, pour le bien de sa femme.


Car il ne faut pas s’y tromper, Vince Vaughn est un superbe acteur, qui prouve dans ce film qu’en plus de distribuer les punchlines comme les patates, l’une allant souvent de pair avec l’autre, son charisme, sa carrure et sa capacité à transmettre ses émotions tout en retenue fait de lui bien plus qu’un simple mec drôle membre du frat-pack qui nous ressort les mêmes comédies depuis 20 ans, mais un véritable acteur dramatique. La saison 2 de True Detective nous l’avait déjà fait apercevoir, Zahler nous le prouve.


Alors attention, ce film n’est pas à mettre en toutes les mains, et pourra diviser par ses parti-pris sans concession. Brawl In Cell Block 99 est gore, lent sans jamais ennuyer, sérieux, lorgne parfois vers le film d’exploitation mais bénéficie d’une interprétation solide, d’une photographie au poil, d’une mise en scène au cordeau et d’un impact aussi viscéral qu’un coup de poing dans l’estomac.


Une excellente surprise, brute et sans concession.

DavidTalon
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le 23 oct. 2017

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David Talon

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