Après Easy Money, un film passé relativement inaperçu au sein de nos frontières, Espinosa poursuit dans la veine du thriller en s'attaquant à l'organe le plus mystérieux de la sécurité américaine : la CIA.
Un prémisse dont l'originalité laisse augurer du meilleur. Il est en effet rare de voir un réalisateur oser s'attaquer à l'Agence, quitte à dénoncer certaines pratiques parfois limites. Plaisanteries à part, c'est évidemment le défaut principal du film que de nous offrir une trame usée jusqu'à la corde. On a l'impression d'avoir déjà vu et re-vu ce genre d'histoires un million de fois, et le petit twist final est visible de si loin que Johnny Spoiler aurait même pu l'incorporer à sa liste avant de voir le film.
C'est d'autant plus regrettable que, pour peu que l'on soit capable de passer outre, le film est une vraie bonne surprise. Nerveux, rythmé, il nous entraîne sans temps morts sur les traces de cet agent renégat en cavale. La mise en scène fait bien entendu la part belle à la caméra épaule, filmant ses personnages au plus près durant des courses poursuites effrénées, que ce soit à pied ou en voiture. Le rythme est haletant, le montage nerveux mais néanmoins lisible. La photographie, en revanche, est de qualité inégale, et on constate que le point a tendance à être un peu large sur certains plans rapprochés.
Denzel Washington se donne à fond dans ce rôle convenu, et parvient à rendre son personnage sympathique, ce qui aurait pu être une gageure au vu de l'empilage de clichés qu'il débite. Face à lui, Ryan Reynolds prête son regard bovin à ce jeune agent perpétuellement perdu au milieu de péripéties qui le dépassent. Le parfait physique de l'emploi, donc. A noter aussi la présence au générique de l'excellent Brendan Gleeson, dans un rôle autre que celui d'irlandais alcoolo auquel il nous avait habitué, ainsi que de Robert "T-1000" Patrick en agent de la CIA prêt à tout, dans une apparition trop brève.
Un thriller musclé et rythmé, mais qui souffre d'un air de déjà-vu trop prononcé pour réellement convaincre.