Il va sans dire que la filmographie de Julien Leclercq tire vers le bas depuis quelques films. Et ce n’est pas cette petite production Netflix qui risque de changer la donne. Il y a comme un manque de respect envers le spectateur dans « Sentinelle ». C’est typiquement le genre de production anodine et vite oubliée destinée à remplir l’offre de films d’action pour des spectateurs peu regardants. Pourtant Leclercq s’était positionné comme un bel espoir du cinéma de genre musclé made in France. Il y a d’abord eu « Chrysalis » qui s’avérait être un bel essai de science-fiction à la gauloise, inabouti certes mais intéressant et malheureusement boudé par les critiques et le public à l’époque de sa sortie. Puis vint le très réussi « L’Assaut » et ensuite la dégringolade qualitative s’est amorcée. Depuis il nous livre des séries B vaguement intéressantes où seule l’action compte et semble être l’unique leitmotiv artistique, comme avec son film précédent opus sur Netflix également, « La Terre et le Sang ».
Et ici, c’est la même chose en pire car même au niveau des combats, fusillades et autres scènes censées être impressionnantes, on n’y trouve pas notre compte. Le film ne dure qu’une heure et quinze minutes et il faut bien les deux tiers du film pour que « Sentinelle » se réveille un peu. Et lorsque c’est le cas, ces séquences censées être le défouloir du long-métrage se révèlent bien trop brèves, peu impressionnantes et surtout déjà vues en mille fois mieux ailleurs. Que ce soit dans le thème de la vengeance sans concession (« Taken » premier du nom était peut-être bête mais sacrément réussi au niveau de l’action) ou de la femme forte qui va en découdre avec les méchants (de « Atomic Blonde » à « Colombiana » le cinéma américain nous a offert bien plus jouissif). Leclercq tente donc de singer le cinéma américain mais il lui manque ce petit quelque chose qui fait tout et surtout un script digne de ce nom.
En effet, le scénario de « Sentinelle » ne dispose d’aucun développement. On a droit à une vengeance et c’est tout. On tente bien de donner un peu de fond au personnage principal avec un trauma facile et prévisible, un syndrome post-traumatique qui ne fait qu’empirer les choses voire les rend ridicules. Hormis cela, ce n’est que du vide. Quant aux invraisemblances, elles s’enfilent comme des perles (de l’intrusion dans la villa des mafieux au final, tout cela ne tient pas debout) et la tonalité sérieuse ne peut les faire passer comme des fantaisies excusables. Le jeu des acteurs est au strict minimum et on ne retiendra que la mise en scène racée et efficace de Leclercq qui sait toujours aussi bien filmer ces quelques séquences d’action, aussi courtes et rares soient-elles ici. En bref, le film est trop court, pas crédible, chiche en action et il manque singulièrement d’un scénario qui vaille qu’on s’y intéresse. Passablement distrayant si on n’a rien à faire et qu’on ne veut pas réfléchir mais il faut avouer que « Sentinelle » sera aussi vite oublié qu’il a été vu.
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