La création via informatique d’une paternité manquante et intériorisée dans laquelle puiser suffisamment de force pour passer à l’acte. Les corps n’ont de cesse d’afficher leur nudité mais ne sont jamais sexués, tels des humanoïdes ; et l’eau lave le crime, purifie corps et esprit. Immensité bleue aux allures d’infini qui arbore la texture des rêves. Pourtant on rêve bien peu, et on ne joue guère. Derrière ses tours de passe-passe, Serenity croise curieusement réalité virtuelle et violences familiales, puise dans la matière vidéo-ludique comme dans une source vive où jaillit un appel au meurtre par transfert de responsabilité, c’est-à-dire projeter dans son avatar le crime que l’on s’apprête à commettre, pour de vrai. Ou comment un jeune garçon est invité à s’éduquer devant un écran avec, comme tout modèle dramatique, des algorithmes. Et, en guise de motivation (et d’excuse), un père soldat tué à la guerre. Le virtuel comme refuge pour fuir un réel inhumain, tellement inhumain qu’il réinvestit tous les pires clichés de la violence masculine. Derrière cela, le film glisse çà et là quelques phrases mystérieuses sur la Création : nous ne sommes que des êtres faits d’une matière rêvée, blablabla. Ou le microcosme ludique porteur du macrocosme. Expliquer la vie en programmant des lettres et des chiffres dans un ordinateur. C’est bien creux. Et prétentieux. Ode à l’imagination endolorie de programmes incompréhensibles et sous perfusions jeux vidéo ultra-réalistes, le film essaie de relire The Truman Show à la sauce nouvelles technologies rappelant, par instant, The Island. Saupoudrer le tout d’un peu d’Interstellar, et voici Serenity, une œuvre aussi superficielle que l’écran qui la porte, et qu’il suffit d’éteindre pour, aussitôt, oublier ce que l’on vient de voir.