Il était une fois l'idéal américain
Je suis tombé sur ce film dans le programme télé. Puis j'ai vu le nom du réalisateur, ça me disait quelque chose. Enfin j'ai lu le synopsis et cela me semblait digne d'intérêt, c'est donc assez enthousiaste que je me mets devant le film. Et cet enthousiasme n'a pas été déçu. Je suis tombé sur un film drôle et corrosif, satirique et intelligent.
Pour commencer, le propos. Pour éviter de révéler l'intrigue je vais me contenter de rester vague. Une mère de famille au foyer met tout en oeuvre pour satisfaire et protéger son environnement familial, allant jusqu'au meurtre, en série. Alors, le scénario est vraiment original, au niveau du principe et du but. Le film s'articule autour d'un scénario et d'un déroulement totalement absurde, clownesque et cartoonesque. La folie est de mise, les personnages complètement barrés et exubérants, avec des caractères exacerbés et très expressif. On nage en plein délire. Le pire dans tout ça c'est que tout parait probable, rien n'a l'air totalement improbable, mais plutôt réalisable. C'est en somme un scénario déjanté qui est l'attrait irrésistible de ce film.
Le film bénéficie d'une réalisation remarquable, d'une sobriété et d'une classe exceptionnelle. Le réalisme insufflé n'a d'égal que le facteur corrosif du film. La réalisation fait ici office de justificatif. La réalisation de très bonne facture est mise à son avantage par un montage parfait. Car la réalisation très efficace et classique sert l'intérêt de l'absurdité par un montage énergique et qui va crescendo dans la folie. Elle accompagne la montée en puissance de la folie meurtrière et de la déraison de l'héroïne. Une réalisation remarquable qui sert le propos en bousculant les codes par un montage énergique. La réalisation étant le cadre de vie, le montage le sens donné à la vie dans ce cadre.
Parce que le sens corrosif vient bien de ce cadre de vie. La famille typiquement américaine. Le mari dévoué, la mère dévouée, les enfants semi-rebelles et les aléas de la vie quotidienne. Une femme qui cherche à conserver le cadre idéal de la famille, celui qui correspond à la société, celui qui lui semble idéal. Ce cadre doit servir le bonheur de sa famille et si ce bonheur est en péril il faut une prise de décision, radicale. L'endoctrinement culturel pousse cette femme dans la folie. Car elle va finir par tuer tous les gens qui, touchant de près ou de loin à sa famille, lui manquent de respect ou manquent aux règles qu'elle imagine être de la société. L'établissement d'une société codifiée pousse à des situations extrêmes pour conserver cet équilibre "idéal". La Serial Mother est la défenseur de la société, elle punit les transgressions de la sanction ultime. Alors pamphlet contre la société montrée comme idéale, critique contre la peine de mort. À peu près tout, une vaste critique anti-classe moyenne.
Ce film est en somme un grand moment d'humour noir délirant, servi par une réalisation remarquable et un montage énergique, mais aussi une bonne bande de comédien. Le mouvement euphorique général est jouissif et corrosif. On prend son pied, on se marre et on apprécie la qualité globale de ce film à l'humour noir, une satyre efficace.