Un scénario-prétexte : Monsieur tout-le-monde, alias Ed Okin (Jeff Goldblum), un architecte insomniaque cocu, roule du côté de l'aéroport, quand il trouve une blonde en blouson de cuir rouge, t-shirt blanc et blue-jean, Diana (Pfeiffer) poursuivie par quatre méchants barbus armés de flingue. La fille a des émeraudes qui appartiennent au Shah d'Iran. S'ensuit une course-poursuite sur les routes de L. A.

C'est une comédie policière, ou en tout cas un thriller qui ne se prend pas du tout au sérieux. Les quatre méchants Iraniens (parmi lesquels John Landis) sont de véritables pieds-nickelés, avec leurs costumes-cravates rapés : ils poursuivent miss Californie sur la plage comme des satyres pour ensuite la noyer, sortent en caleçon d'un magasin de prêt-à-porter en agitant leurs flingues dans des poses ridicules, mangent une sorte de nougat qu'ils cassent à la crosse du revolver... Il y a aussi David Bowie en tueur à gages anglais (dommage qu'on ne le voie pas plus), et Roger Vadim en millionnaire français dépassé.

La première partie se passe de nuit, dans L. A., sur fond de musique année 1980 (synthétiseur, boite à rythme et saxophone romantique, c'est tordant). La seconde partie se passe le jour, entre plusieurs belles villas de L. A.

Le film repose quand même pas mal sur le charme de Pfeiffer (mon Dieu...) et sur la dégaine ahurie de ce gentil loser de Goldblum (qui ne touche pas un flingue du film).

Les scènes d'action sont du gros n'importe quoi, de la poursuite dans un parking souterrain à la scène de prise d'otage de l'aéroport, où Goldblum fait se suicider le méchant en lui racontant sa vie. Il y a aussi du loufoque, comme ces scènes gratuites de plateau de tournage, quand Pfeiffer retourne voir une collègue actrice, ou la scène dans le studio du frère de Diana, un clone d'Elvis. Pourquoi ? Même chose pour la fin, qui embrasse sans complexe les clichés les plus éculés (la chambre de motel avec la fille en peignoir et le tas de fric sur le lit, puis plus rien le lendemain... mouarf).

Il y a quand même un gros problème de rythme, surtout dans la première moitié. Pourquoi prendre 20 minutes pour nous expliquer que Ed a une vie de merde ? Pourquoi étirer sur plusieurs minutes le moment où Ed fouille l'appartement d'un millionnaire, Hamid, pour trouver des cadavres ? Tous ces temps morts montrent que le réalisateur se fiche du spectateur et fait simplement ce qui lui plaît.

Idem pour le nombre absurde de seconds rôles, de plans s'attardant sur une serveuse, une hôtesse de l'air : ce film mérite un prix spécial du nombre de caméo, puisqu'on y trouve entre autres Vera Miles, Cronenberg, Dan Ackroyd, Paul Mazursky, Bruce McGill, etc...

Et c'est toute la force et la faiblesse de ce film complètement improbable : le film suit sa route. C'est un peu "After hours" de Scorsese, en plus loufdingue.
zardoz6704
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le 24 févr. 2013

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zardoz6704

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