Faisant partie du dernier cru du festival de Cannes, cette nouvelle réalisation signée Mathieu Amalric s'agence autour d'un personnage de femme en fuite. Cette adaptation de pièce de théâtre s'articule dans une temporalité volontairement confuse où l'absence de l'un devient une présence fantomatique pour l'autre. Est-ce réel ? Ou bien le fruit de l'imaginaire des personnages ? Se sont-ils séparés ? Pourquoi ne partagent-ils que si peu de scènes ensemble ? Tant de questions se posent face à ce ballet tourbillonnants de scènes disparates, tantôt joyeuses, tantôt exposant une solitude douloureuse. Personnellement, j'ai trouvé ce montage fragmentaire très particulier et rebutant car j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire et à percuter les émotions des personnages. Beaucoup de situations s'enchainent sans logique et les comportements du mari et de la femme paraissent souvent incongrus et bizarres. J'ai l'impression, du coup, d'être passé à côté de l'essence même du film et de la puissance de jeu de Vicky Krieps... Le procédé narratif de ce puzzle mental m'a très vite lassé et prend beaucoup trop de place face à la force poétique du récit. Là, Serre moi fort est un exercice de style très formel qui m'a beaucoup interrogé sur l'oeuvre théâtrale d'origine et sur l'accessibilité de ce parti-prix. Je reconnais qu'il s'agit sans doute d'une question de sensibilité car j'ai vu de nombreuses belles critiques à propos de ce film. Mais pour moi, c'est nébuleux, redondant et au bout d'un moment, agaçant, car on flaire plutôt facilement où la tonalité mélodramatique veut en venir... D'ailleurs, la scène clef du film se porte garant pour rétablir une logique à toutes ces bribes sans queue ni tête. Mais bien qu'elle soit cruciale, elle n'a véhiculé que peu d'émotions. Et c'est dommage car cette fresque intime, au bord du précipice, me parle beaucoup du point de vue de ses thématiques universelles...