Le film qui te fait passer Taxi Driver pour un film de bisounours...
C'est glauque. Sordide. Trash. Voila comment on peut résumer cette oeuvre de Gaspar Noé.
On comprend aisément les difficultés qu'il a pu rencontrer pour financer son film : un film très bavard (parfois trop peut-être), qui dépeint une sordide réalité aussi abjecte que violente. Pas le plus vendeur qui soit. La photographie est superbement sombre et glauque à souhait.
La mise en scène, lourde, appuie efficacement le propos. La lenteur monotone de ce film, que dis-je, de ce monologue face à la sordidité du pays, choque par cette révulsion quasi inhumaine du personnage.
L'excellent Philippe Nahon sombre littéralement dans un gouffre sans fin qui l'amène à contempler l'horreur sociale qui nous entoure. Sa rage se dirige vers le monde entier. Tout plonge le spectateur dans une ambiance malsaine et terriblement choquante, renforcé par le côté strident de la bande sonore ou des intertitres glaçant d'effroi.
Cette violence et cette pourriture qui régissent notre société ne semblent d'avoir aucune issue autre que la mort. La froideur des pensées de ce boucher sans nom, etant à la fois, victime et bourreau de cette société noire, va alors trouver un salut en voulant "sauver" sa fille pour qui il éprouve une attirance charnelle et sexuelle fortes tout en sachant pertinnement que cela n'est pas morale.
Son rapport avec sa fille symbolise assez simplement le film : nous avons des pulsions contre lesquels on ne peut s'abandonner sous peine d'être immorale...Mais au final ou se situe la morale ? L'hypocrisie et la connerie humaines sont-elles plus proche de la "morale" ?
Au final, un film choc, transcendant, terriblement violent moralement mais qui possède pour défaut d'être une souffrance intolérable, autant pour le boucher que pour le spectateur.