On aurait pu croire que le vétéran Ridley Scott prenne ce projet un peu à la légère, pris en sandwich entre un péplum épique et une suite parallèle à la franchise Alien. Or ce n'est pas le cas, Seul sur Mars est une réussite, et obtient même une place honorable, au sein de la filmographie de cet excellent cinéaste.
Ce film est l'adaptation d'un ouvrage d'Andy Weir sorti en 2011, qui a rapidement connu un succès d'estime, puis un succès publique. La société de production 20th Century Fox a rapidement acquis les droits pour en faire un film. C'est donc, une poignée d'années plus tard que l'adaptation cinématographique arrive fraichement dans nos salles. Seul sur Mars narre l'incroyable destin de Mark Watney, un astronaute spécialisé en botanique laissé pour mort sur la planète rouge


Ce qu'on peut dire, c'est que le récit pose ses enjeux dès le départ. Pas de tergiversation, au bout d'une poignée de minutes l'astronaute se retrouve littéralement seul sur Mars, et commence à appréhender, régler les premières problématiques qui s'imposent à lui. Malgré l'incongruité de la situation, il ne laisse aucune place à la déprime. On ne le voit pas se morfondre, ni s'apitoyer sur son sort. Logique, j'ai envie de dire, il faut trouver des solutions impérativement. La lutte pour la survie prédomine dans son esprit, c'est non seulement crédible pour la personnalité qu'il incarne: c'est un éternel optimiste qui passe le plus clair de son temps à dédramatiser les choses en balançant quelques vannes bien senties. Mais c'est aussi et surtout crédible pour le métier qu'il exerce. Effectivement, il est censé représenter l'élite de sa compagnie, et par conséquent ce serait hors de propos que de le voir craquer psychologiquement ou bien de lui coller aux basques, des traumas improbables qui reviennent à la surface.


Pour le coup, cette histoire brosse un portrait assez réaliste de ce que pourrait être un astronaute travaillant à la NASA. Et Matt Damon a le talent nécessaire, pour transmettre et partager à travers l'écran, toute la sympathie que l'on peut éprouver à son endroit. On ne souhaite qu'une chose, c'est qu'il s'en sorte, et on sait à l'avance qu'il y arrivera.


Ce long-métrage est une ode à l'intelligence, au courage et à l'ingéniosité. L'auteur du livre, et dans une moindre mesure Drew Goddard (le scénariste chargé de l'adapter en film) ont eu cette pertinence de casser les codes du film de survie et du film catastrophe. Une part non négligeable des poncifs de ces deux genres sont balayés, et par conséquent on se retrouve face à une oeuvre originale dans le ton employé, mais aussi dénuée de passages obligés bien lourdingues. Par moments, il arrive qu'on retrouve ou qu'on aperçoive certains tics vu ailleurs, cependant c'est vite évacué. Certains spectateurs critiqueront cet aspect, reprochant à l'histoire de ne pas être assez grave, profonde ou émouvante sur le papier. Alors que c'est un contrepied évident et assumé, un parti pris en somme. Par contre, je dois admettre, que vers la fin, j'ai trouvé le temps un peu long, il y a des passages redondants voire peu passionnants à suivre. Heureusement que le climax (la scène du sauvetage) est bien fichu, il rattrape quelques errements. Je me suis même surpris à être ému lors de cette séquence.


Visuellement parlant, c'est propre en terme d'effets spéciaux et très pro en matière de mise en scène. Néanmoins, ça se voit que le tournage s'est déroulé rapidement, limite à la hâte. Et donc, je regrette que le cinéaste ne varie pas tant que ça ses plans. On retrouve surtout cet écueil quand Mark Watney est contraint de passer son temps dans le rover. Pour le reste, on a droit à de magnifiques paysages sur Mars. Avec des panoramas bluffants, on s'y croirait.
J'ajouterai un mot sur l'aspect musical, c'est le grand retour du compositeur britannique Harry Gregson-Williams. Il livre une bande originale de qualité, ça fait longtemps qu'il n'avait, à mon sens, pas été aussi inspiré sur tout un album. Il est cependant regrettable, que son travail soit "en concurrence" avec la playlist du commandant Melissa Lewis. La musique disco, ce n'est pas trop ma tasse de thé, même si je comprends très bien que cela participe au décalage imposé au sein de l'histoire.


En conclusion, je dirai que Seul sur Mars est un bon divertissement, fabriqué pour plaire au plus grand nombre (ce qui n'est pas infamant, bien au contraire). Cependant, je ne me suis pas senti impliqué tout le long et les thématiques ne sont guère passionnantes. A défaut de susciter de l'enthousiasme chez moi, j'ai été diverti (et un tantinet attendri) par ce long-métrage. Ce qui est somme toute convenable comme ressenti.

Jubileus
7
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le 23 nov. 2015

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Jubileus

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