Nous avons beau discuter un brin - pour être poli - les derniers choix artistiques du papa de Gladiator (une suite façon nouvelle trilogie pour Prometheus, really ?) tout autant que ces derniers essais sur grand écran (le biblique Exodus : Gods and Kings et l'injustement critiqué Cartel, tout simplement le thriller le plus savoureusement jusqu'au-boutiste et nihiliste de ces dernières années), tout cinéphile un minimum avertit se doit pourtant de considérer chaque nouvelle péloche de Ridley Scott comme un putain d'événement à part entière.


Surtout que le bonhomme, à l'instar des derniers grands faiseurs d'Hollywood comme Marty Scorcese ou Steven Spielberg, privilégie une mise en scène du spectaculaire old school, usant du numérique que lorsqu'il est réellement nécessaire.


Alors, à l'annonce de son attachement à l'adaptation ciné du bouquin culte de d'Andy Weir, The Martian aka Seul sur Mars, on ne pouvait que se délecter à l'avance que de voir que les ambitions de l'ainé des Scott et son amour pour les odyssées spatiales n'avaient rien perdu de leur superbes, lui qui a bâti sa renommée sur deux bandes SF cultes : Alien, Le Huitième Passager et Blade Runner.


L'histoire, c'est celle imagé de l’astronaute Mark Watney, qui à la suite d'un violent orage est laissé pour mort lors d’une mission spatiale habitée sur Mars.
Abandonné sur place par son équipage qui s'est vu obligé de fuir, Watney a pourtant survécu et se retrouve seul sur cette planète hostile.
Avec de maigres provisions, il ne doit compter que sur son ingéniosité, son bon sens et son intelligence pour survivre et trouver un moyen d’alerter la Terre qu’il est encore vivant...


Autant l'avouer tout de suite, le mot qui caractérise le mieux le 23eme long métrage de Ridley Scott, c'est surprenant, sa vision s'avérant bien loin de l'idée du survival tendu et douloureux que sa pourtant excellente campagne promotionnelle, laissait présager.


Car de tout son long, le ton de Seul sur Mars s'échine à jouer la carte de l'ironie et de l'humour, un pari risqué mais gagnant puisque rarement - aussi bien le cinéaste que le genre survival -, ne nous avait habitué à un parti pris aussi original et couillu.


Un humour omniprésent, référencé et rarement hors de propos (on reconnait bien là la patte de Drew Goddard, qui avait traité avec le même ton le genre horrifique via son excellent La Cabane dans la Forêt), collant fidèlement à son matériau d'origine et poussant Scott à abandonner la facture sombre de ses précédents essais pour mieux renouer avec la comédie loufoque douze ans après le mésestimé Les Associés (porté par l'étonnant duo Nicolas Cage/Sam Rockwell).


A bientôt quatre-vingt balais, Sir Ridley se renouvelle (le style chère au cinéaste est ici méconnaissable) et signe avec légèreté un film d'aventure pas comme les autres sur la nature humaine et l'instinct de survie qui est propre à l'homme, ici personnifié par un MacGyver/génie/Robinson Crusoé made in Mars persuadé qu'il va s'en sortir et qui trouve toujours un moyen de se sortir de la moindre embuche.


Finalement plus proche de Seul au Monde que de 2001, l'Odyssée de l'Espace, réaliste, ni pompeux ni ennuyeux dans son propos scientifique à la portée de tous (l'un des défauts majeurs d'Interstellar pour beaucoup), Seul sur Mars est une réussite exemplaire, visuellement impressionnante (et ce dès son excellente ouverture) et aboutie qui s'appuie beaucoup sur la prestation habité d'un Matt Damon en état de grâce.


D'une justesse de jeu indécente, il est le cœur, l'âme et le moteur vibrant de The Martian au point même que la belle brochette de comédiens l’accompagnant (au choix Jessica Chastain, Kate Mara, Chiwetel Ejiofor ou encore Kristen Wiig) a tout du faire-valoir classieux.


Alors certes, certains pourront lui reprocher son optimisme inébranlable (jusque dans sa bande originale disco) et son manque d'action et de tension (jamais la gravité, l'impression d'hostilité et de danger viscérale qui caractérise cette survie sur Mars ne marque la péloche, sauf peut-être dans le final) voir même son accumulation de passages obligés inhérents à tout film catastrophe - sans pour autant paraître une seule seconde poignant -; mais force est d'admettre que la cuvée 2015 du tonton Scott incarne sans contestation possible un divertissement épique, rafraichissant, (très) drôle et savoureusement unique.


Reste qu'il lui manque cependant un tout petit quelque chose pour atteindre la maestria d'un Gravity ou même d'un Interstellar (la faute à une absence de vrais enjeux dramatiques et émotionnels), bien qu'ils s'avèrent tous les trois assez différent.


Mais voir qu'à bientôt quarante ans de carrière, le papa de Gladiator démontre toujours aussi bien son savoir-faire pour mettre en boite des blockbusters racé et intelligent, cela force évidemment le respect et ça mérite sacrément le coup d’œil.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2015/10/critique-seul-sur-mars.html

FuckCinephiles
8
Écrit par

Créée

le 1 oct. 2015

Critique lue 1.4K fois

24 j'aime

FuckCinephiles

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

24

D'autres avis sur Seul sur Mars

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

161 j'aime

25

Seul sur Mars
Sergent_Pepper
7

La pomme de Terre vue du ciel.

Lorsqu’un cinéaste s’attaque à l’éternel silence des espaces infinis qui effrayait déjà Pascal, il tombe sous le poids d’une gravité insoutenable, celle du 2001 de Kubrick. On en a déjà beaucoup...

le 8 nov. 2015

116 j'aime

10

Seul sur Mars
Samu-L
7

I'm gonna have to science the shit out of this

Il y a une espèce de malédiction concernant la planète Mars au cinéma. Même les réalisateurs les plus talentueux se sont cassés les dents sur les bancs de poussière de la planète rouge. De Palma, et...

le 10 oct. 2015

105 j'aime

21

Du même critique

Avant toi
FuckCinephiles
8

Critique de Avant toi par FuckCinephiles

Comme la majorité des spectateurs de la série Game of Thrones, nous sommes de ceux à être tombé amoureux de la belle Emilia Clarke dès le premier regard. Si la jolie (et le mot est faible) Kalheesi...

le 20 juin 2016

35 j'aime

The Get Down
FuckCinephiles
8

Critique de The Get Down par FuckCinephiles

(Critique - sans spoilers - de la première partie de la saison 1) Tout part d'un projet aussi fou qu'alléchant sur le papier : mettre en image avec passion et réalisme, la naissance du hip-hop dans...

le 16 août 2016

32 j'aime

2

Nous trois ou rien
FuckCinephiles
8

Critique de Nous trois ou rien par FuckCinephiles

Tôt ou tard, les poils à gratter comiques du Paf s'en vont envahir le septième art, avec des fortunes diverses certes, mais force est d'admettre que le giron humoristique de chez Canal + peut se...

le 14 oct. 2015

30 j'aime

2