Après un Exodus fadasse sauvant à grand-peine les meubles, Ridley Scott délaisse l'Egypte Antique pour Mars en s'emparant du projet d'adaptation du roman d'Andy Weir : The Martian.


Un long-métrage prometteur de prime abord, celui-ci s'attachant les services d'un casting fort aguichant, et son synopsis rappelant de sympathiques comme excellentes œuvres de catastrophes spatiales (Apollo 13, Gravity) ; certes, son statut de film de commande ternit la présence du cinéaste britannique au gouvernail, mais celui-ci démontre qu'il convient de ne pas l'enterrer trop vite.


Malgré un carcan très classique, The Martian surprend (en bien) en sa qualité de récit divertissant, le film s'affranchissant d'une durée (douteusement) trop longue au moyen d'un rythme jamais en berne, les bonnes idées et autres péripéties fusant à bon escient ; par ailleurs, l'humour savamment distillé (bien qu'improbable, cette référence au Conseil d'Elrond fait sourire) se couple à merveille à un suspense bien dosé.


Il va donc sans dire que The Martian maintient avec aisance notre immersion, son atmosphère tantôt feeling good (nullement dérangeante), tantôt haletante (le final lorgne du côté de Gravity en terme de tension, bien qu'il ne l'égale aucunement) garantissant un spectacle en tous points plaisant ; visuellement le film tient également la route, son réalisme ambiant parachevant un tableau martien somptueux.


On passe aussi facilement outre quelques incohérences purement physiques, celles-ci mettant après tout le long-métrage sur de bons rails ; toutefois, celui-ci ne parvient pas à éviter un malencontreux (inévitable ?) écueil de vraisemblance scénaristique, les problèmes allant croissant (et leur résolution) laissant peu à peu penser que The Martian rend la chose (trop) facile.


Dans une même veine, on ne peut que remettre en question la santé mentale de Mark Watney, dont la longue solitude, pareille à une éternité pour l'être humain, semble être passée sous silence au bout du compte : l'astronaute s'en sort effectivement comme un chef, celui-ci ne se départageant que trop rarement de sa bonne humeur et de sa providentielle créativité (jamais abusive fort heureusement).


Voilà de quoi gâcher dans une moindre mesure son dénouement, dont le prévisible happy-end en guise de clôture nous renvoie au ton gentillet de The Martian : sur ce point, les standards hollywoodiens ne peuvent que plaider coupable, cet engouement mondial, avec pour point d'orgue l'implication du programme spatial chinois (moqué par ce bon vieux Sean Bean car pas à jour, m'enfin ils aident de bon cœur), autour du devenir de Mark Watney faisant mine de faire passer un message fort idéaliste... dans la droite lignée du divertissement solide mais peu innovant qu'est le film.


Ceci dit, difficile de cracher dans la soupe : The Martian assure l'essentiel sans ciller, et l'on s'attache suffisamment aux protagonistes pour se prendre complètement au jeu (bien que conséquente, la galerie de figures secondaires intervient avec brio) ; les têtes d'affiche que sont Matt Damon, Jessica Chastain et consorts se fendent quant à eux de prestations sans fausse note, de quoi parachever avec la manière ce survival martien jamais ennuyeux.


Reste à voir comment se débrouillera à l'avenir Ridley Scott, et ce aux manettes d'une production plus personnelle.

NiERONiMO
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le 24 nov. 2015

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NiERONiMO

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