Chaque fois que je commence un film de Ridley Scott, je suis dans l'expectative. En effet, depuis pas mal d'années maintenant, le cinéaste m'a séduit autant de fois qu'il m'a déçu. Mais, au moins, je peux lui accorder de me surprendre à chaque fois et de construire une œuvre très particulière, éclectique à défaut d'être entièrement réussie. Ainsi, son film précédent, Exodus, que je voyais venir d'un œil plus que suspicieux, m'a finalement agréablement surpris par sa volonté de ne pas faire que du spectaculaire gavé de trucages numériques, mais de donner un fond à l'ensemble.
Et c'est, d'emblée, la première chose qui m'ait vraiment plu dans The Martian : ne pas faire un film prétexte à un déferlement de numérique, mais utiliser ces trucages à bon escient dans le but de soutenir le film. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il y a de la sobriété dans ce film, mais on y trouve une certaine méthode de films d'aventures à l'ancienne, méthode pas forcément oubliée mais jugée trop souvent démodée, pas assez excitante par certains, et que Scott remet à jour avec bonheur.


Scott ne perd pas son temps. Le début passe à une vitesse impressionnante. Expédition scientifique sur Mars, tempête, pièce détachée, décollage d'urgence : tout est expédié en dix minutes, pour nous laisser avec l'essentiel : mark seul sur Mars. De même, avec plaisir, le cinéaste nous évite tout le pathos et les sentiments bons marchés qui auraient pu nous être servis par d'autres. On va droit à l'essentiel. De l'action, du suspense, de l'humour.
La construction du film est entièrement tournée vers l'aventure : montage elliptique qui nous fait bondir d'une semaine à l'autre, alternance bien mesurée entre scènes terrestres et scènes martiennes, tout est fait pour maintenir un rythme régulier et soutenu et aller droit à l'essentiel.
Alors, Scott ne fait sûrement pas le film de sa vie non plus ; The Martian a bien quelques défauts, quelques ficelles trop grosses (l'obscur scientifique inconnu de tous qui parvient à trouver la solution), mais l'ensemble est vraiment plaisant, de plus avec une musique disco fort sympa qui est sujet à un running gag. Le casting est excellent aussi.

SanFelice
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2015 et Petits et grands écrans en 2016

Créée

le 24 janv. 2016

Critique lue 1.1K fois

46 j'aime

SanFelice

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

46

D'autres avis sur Seul sur Mars

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

161 j'aime

25

Seul sur Mars
Sergent_Pepper
7

La pomme de Terre vue du ciel.

Lorsqu’un cinéaste s’attaque à l’éternel silence des espaces infinis qui effrayait déjà Pascal, il tombe sous le poids d’une gravité insoutenable, celle du 2001 de Kubrick. On en a déjà beaucoup...

le 8 nov. 2015

116 j'aime

9

Seul sur Mars
Samu-L
7

I'm gonna have to science the shit out of this

Il y a une espèce de malédiction concernant la planète Mars au cinéma. Même les réalisateurs les plus talentueux se sont cassés les dents sur les bancs de poussière de la planète rouge. De Palma, et...

le 10 oct. 2015

105 j'aime

21

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

256 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Chernobyl
SanFelice
9

What is the cost of lies ?

Voilà une série HBO qui est sans doute un des événements de l’année, avec son ambiance apocalyptique, ses flammes, ses milliers de morts, ses enjeux politiques, etc. Mais ici, pas de dragons ni de...

le 4 juin 2019

214 j'aime

32