Intense mais cette fois, trop flou et incompréhensible. Ce sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit en sortant de la séance.



Intense parce que le film est parfaitement harmonisé.


Le film entier est focalisé sur Kim Min-hee, ce qui est assez dérangeant, on en reparlera. A sa décharge, elle a tout de même le mérite, et l’incroyable pouvoir de donner à toutes les scènes un caractère puissant ; de par sa beauté évidemment, et par un regard, une sournoiserie unique. Là où dans Right now, wrong then, (Bien maintenant, mauvais après) les tâches étaient partagées entre les deux protagonistes, il n’y a ici qu’un seul vrai personnage, c’est elle. Elle alterne un jeu calme, plein de subtilité avec des phases d’emportements dues à l’alcool, qui, si elles paraissent grossières, donnent au film un côté unique et parfois drôle, attendrissant. (Personnellement, j'adore, c'est original) Kim porte le film sur ses épaules, malgré un flou indicible autour du personnage, de ses envies, motivations etc.


Une pureté très agréable se dégage également de la réalisation, ce mix plans fixes (+-) et douce musique fonctionne une fois encore, mais je doute là encore du rendu sans la présence de Kim Min-hee. Les personnages secondaires ancrent ce film rempli de réflexions sur l’amour, le désir, le manque et la solitude, sur Terre, à travers des discussions étonnamment pas du tout ennuyantes et bien menées autour des saucisses, des livres et autres. Tous ces petits détails concrets permettent, indéniablement au spectateur de se projeter au sein de ce vague flou poétique… et c’est un point positif.


Incompréhensible parce que le film pose beaucoup trop de questions sans jamais y répondre.


J’ai, pendant toute la séance, réfléchi, tâchant de me rappeler chaque références, évocations que je connaissais pour déchiffrer ce film qui apparaît, à l’instar d’autres, ici trop incompréhensible, selon moi. Certains diront que je suis un salaud qui ne comprend rien et critique, d’autres admettront que Hong San-soo a peut-être oublié certains indices dans son film, qui auraient pu permettre d’apprécier ce dernier à sa juste valeur.


La première chose frappante du film, c’est ce personnage : inconnu, avec un bonnet, qui est présent tout le long du film. Il est visible au début…Les personnages le remarquent… mais pas au milieu et à la fin… Alors on se pose des questions… Bon pourquoi pas… Mais, après réflexion, je n’ai personnellement aucune réponse, on peut penser que c’est son amour, mais pourquoi l’a-t-elle vu au début…


De plus, Kim Min-hee mentionne l’homme qu’elle aime ; plus vieux ; un adultère qui a fait un scandale etc. Bon, j’ai été surpris de ne pas l’avoir vu sur Senscritique avant, mais il y a ici un écho, avec la relation de Hong San-soo et Kim Min-hee qui a fait le « buzz » en Corée : Hong San-soo est vieux, elle est jeune... enfin bref, classique. Pourquoi avoir parlé de cela dans ce film! Dès lors, tout se mélange et on n’y comprend plus rien. Est-ce un film sur Hong San-soo et son amour, une histoire inspirée, une tout autre histoire. On ne sait plus si les acteurs sont des personnages ou non… Donc, ce film propose un aspect narratif plus que litigieux et si quelqu’un a compris (et pas pense avoir compris) TOUTES les références, les sous-entendus, les liaisons à faire, qu’il s’exprime avant que Seul sur la plage la nuit ne représente qu’un vague souvenir brouillé dans l’esprit de chacun.


Enfin, le film évoque, sans surprise, l’amour, mais d’une manière si voilée et opaque, qui, si elle apparait au premier abord attirante et belle (comme c’est le cas dans d’autres films), devient vite lourde et pathétique. Le personnage de Kim Min-hee nous dit qu’il faut être « qualifié » pour aimer et être aimé. Soit…Mais comment, qu’est-ce que cette qualification ? Un des personnages soulève la question, ce à quoi Kim Min-hee répond joyeusement « ferme-la ». On pourrait être tenté de le faire, de se taire en pensant que le film propose une vision de l’amour trop élevé pour nous… C’est embêtant néanmoins. Le film est trop centré sur Kim Min-hee, ce qui, par un mécanisme logique, empêche la réflexion sur certains sujets, il n’y a pas de contradictions, et écouter pendant 1h40 quelqu’un parler de soi, c’est chiant. Certaines scènes poétiques réflexives, frôlent le pathétique tant la discussion est abstraite, sans repère. Une discussion philosophique, oui, mais avec définition des termes, et liens logiques !


Et c’est dommage, car le film avait tout pour être un beau manifeste de volonté d’amour transcendant…

Elzelor
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le 12 janv. 2018

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Elzelor

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