Il est parfois assez difficile de juger un film si longtemps après l'avoir connu. Mon visionnage de Seven remonte avant mon attirance pour le cinéma ; je le considérais alors comme l'un de mes films favoris, tant son ambiance est perturbante, ses acteurs impeccables et son dénouement renversant.
Mais qu'en est-il des années plus tard ? Après avoir plus profondément exploré la filmographie du réalisateur, comment évolue l'avis sur le film ?
D'abord, il est indéniable que Seven n'a pas pris une ride, et n'en prendra probablement jamais. L'atmosphère glauque et les images atroces et réalistes noyées dans un scénario oppressant rendent le film imperméable au temps, je pense qu'il a toujours autant de force qu'à sa sortie (que je n'ai cependant pas connue). Fight Club est à mon goût plus difficile à appréhender aujourd'hui, car moins abordable et plus étrange.
L'ambiance de Seven est en partie due au fait que Fincher souhaitait tourner "un film en noir et blanc de couleur", ce qui induit des jeux d'ombres et des moments particulièrement sombres. S'il ne respire pas la joie, il a au moins le mérite d'être véritablement oppressant, d'autant plus que l'antagoniste, brillamment interprété par ce taré de Kevin Spacey, n'inspire pas vraiment la confiance, et à raison.
Fincher recherche toujours le méchant parfait, et Seven en est probablement la plus parfaite illustration ! Il y a bien eu Zodiac (que je n'ai pas adoré, bien qu'il s'agisse d'un antagoniste tiré de faits réels) et Gone Girl (Rosamund Pike délicieusement affreuse), mais la fin imprévisible et stupéfiante de Seven parfait son antagoniste, et accorde à ce film une saveur amère et unique.
Bien que, dans la filmographie du réalisateur, je lui préfère Gone Girl, Seven occupe toujours une place importante dans mes goûts cinématographiques, ne serait-ce parce qu'il représente certainement l'apothéose du polar noir des années 90.