Non, non, non et NON !... Allez, je vais faire le vieux pisse-froid aux grands airs affligés qui, plutôt que se révolter contre la marée noire gigantesque en Amérique ou évoquer le combat d’Irom Sharmila Chanu, va geindre sans honte face à ce cauchemar surgriffé de partout (Dior, Chanel, Yves Saint-Laurent, etc.). Après un premier épisode cinématographique plus que moyen, car s’éloignant de l’esprit débridé et "multi-genres" de la série, que pouvait bien valoir ce deuxième opus des aventures sentimentalo-sexuelles de nos quatre wonder women, sapées comme des gravures de mode à toute heure de la journée et de la nuit ou en plein désert sous 40° à l’ombre ? Verdict : absolument rien, ce n’est pas mieux et c’est même carrément pire que le pire du pire de tout le pire de la planète.

Les "célibattantes" d’avant sont devenues des rombières agaçantes et capricieuses, des modasses ménopausées qui s’apitoient sur des conneries existentielles aussi désespérantes que le prix d’un carré Hermès (oh, c’est tellement dur d’élever deux gamines avec une nounou dans un appartement gigantesque, oh, je m’en veux tellement d’avoir donné un petit bisou à mon ex…), bref tout ce qu’elles cherchaient à fuir, à "combattre" pendant leurs plus jeunes années de galères sentimentales et de franches déconnades.

Tout cet étalage de fric, de luxe, d’inconsistance morale (voire politique) et de placements produits à gogo fini par devenir indécent, gerbant. Ainsi, Carrie, Samantha, Miranda et Charlotte passent les vingt dernières (et interminables) minutes du film à friser l’hystérie pour seulement ne pas avoir à voyager en classe éco. On croit rêver… Où sont passées les quatre New Yorkaises insouciantes et attachantes qui mordaient la vie à pleines dents sans (trop) se prendre la tête ni jouer les divas peinturlurées dès le petit déj’ ? Il n’y a bien que Samantha qui fasse encore rire grâce à ses déconvenues hormonales et son franc-parler légendaire (et la scène où Big se fait draguer par un quinqua fringant, et quelques répliques bien balancées aussi).

L’escapade au Moyen-Orient ne sert pratiquement à rien, sinon à renforcer ce sentiment de superficialité (scénaristique et formelle) plus proche du dépliant touristique que d’un choc des cultures jubilatoire (remember Edina et Patsy en vacances au Maroc dans AbFab). Alors que la première heure proposait des pistes d’intrigues intéressantes mais rapidement mises de côté (Big face à la bomba Penélope Cruz, Miranda perdant son job, la rencontre de Carrie et ses copines dans les années 80…), la suite se perd entre consternation et ennui, puis ennui et consternation.

Sex and the city 2 n’est qu’un plaidoyer cruche et sans recul sur la famille, le mariage (même Standford, plus queer as folk que jamais, termine la bague au doigt, adoubé par une Liza Minnelli bouffie et monstrueuse censée être ce qu’il y a de plus représentatif dans la culture homo ; manquait plus que Barbra Streisand et Gloria Gaynor pour être en total mode drama queen…) et l’american dream consumériste qui ferait soi-disant fantasmer ces femmes là-bas sous le niqab (avant de tenter d’améliorer notre condition féminine, exigeons d’abord un ensemble crème Dolce & Gabbana).

La série était une radiographie osée et pertinente des rapports homme/femme où l’on dissertait librement sur la sodomie, la fellation et le plan à trois, et dans laquelle à peu près tout le monde pouvait se retrouver. Désormais, Sex and the city n’est plus qu’un filon cinématographique lucratif bas de la frange et vertueux pour jeunes pétasses en manque de bling-bling, ne jurant que par Sephora, leur Blackberry ou leur iPhone, et bien incapables d’aligner trois mots à la suite sans prononcer "Trop grave" ou "J’hallucine" ; il fallait voir et entendre, pendant la projection aux allures de poulailler cocotté (97% de filles, 2,99% de gays et 0,01% de mymp en pleine dépression nerveuse), les cris, remarques et soupirs ridicules de la plupart de ces demoiselles à la moindre robe haute couture entraperçue, au moindre pectoraux exhibé ou à la moindre nunucherie débitée. Grotesque and the city.
mymp
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le 27 nov. 2012

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