« En 1959, John Cassavetes dynamite les codes du cinéma traditionnel avec Shadows, une œuvre à petit budget, en grande partie improvisée, tournée en décors naturels avec des comédiens inconnus. C'est un véritable vent de liberté qui souffle ainsi sur le cinéma américain » Bien que l'envolée lyrique inscrit sur la pochette DVD ne soit pas totalement fausse, elle est néanmoins principalement erronée.
Le réalisateur veut bouleverser dans son film le cinéma classique. Il tente alors de créer une œuvre basée autant sur l'improvisation que sur un travail d'écriture. Le résultat donne un film brouillon, partagé entre deux éléments mal accommodés, l'œuvre se noie alors dans une expérimentation maladroite.
La mise en scène tend souvent à une impression d'incertitude désagréable, une incertitude involontaire du réalisateur sur l'illogisme de son projet de réalisation.
L'histoire éclatée et les acteurs à fleur de peau n'inspire guère que de la compassion dans cette improvisation aussi simple que bancal.
La musique de Charlie Mingus relève cependant le niveau, sa prestation limpide grâce à sa bonne maîtrise du Jazz est pour le coup, le seul « vent de liberté qui souffle » de manière appréciable jusqu'au spectateur.
Shadows, maladroit et désagréable passe donc à mon sens à coté de son objectif. La liberté qu'il prône, se trouve par conséquent tiraillée entre son envie d'improvisation et ses obligations de planification. Résultat, une œuvre décevante et agaçante qui n'a que pour intérêt l'analyse d'une ambition ratée.
Fennec91
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le 3 mars 2011

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Fennec91

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