Pour quiconque s'intéresse au cinéma, difficile de passer à côté du phénomène Shame, qui bénéficie tout autant du succès fulgurant de son acteur principal que du contexte sociopolitique de sa sortie (n'est-ce pas, DSK...). Mais le film mérite-il la réputation qu'il a acquis sans trop en faire ? Eh bien oui et non. Oui, car Michael Fassbender est effectivement très bon dans le rôle de ce sex addict torturé, inassouvi, frustré, meurtri dans sa relation avec les femmes. Oui car la mise en scène de McQueen est soignée, esthétiquement sublimée par la New York nocturne qui aura rarement semblé aussi poétique qu'étouffante. Et non car, somme toute, il ne se passe rien. Shame, c'est une succession de moments de tension mais sans climax, des scènes qui sentent parfois un peu trop l'impro. Shame, c'est la frustration sexuelle du personnage transférée au spectateur, non pas de ne pas voir de sexe (car la caméra est très loin de s'abstenir de tout voyeurisme excessif) mais d'attendre quelque chose qui n'arrive jamais. Jusqu'à ce que, finalement, la maladie du personnage principal nous indiffère, qu'il en guérisse ou non. Et la forme de prendre le pas sur le fond, rendant par trop souvent le récit inaccessible, loupant le coche du jeu de la distanciation en nous imposant par la force dans les moments complexes et nous éloignant trop quand on atteint enfin l'humain. Un film envoutant, fascinant, perturbant mais parfois trop frustrant.
Cinemaniaque
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le 11 mars 2012

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