Après le viscéral et traumatisant Hunger, qui révélait l’excellent Michael Fassbender, McQueen revient avec l’histoire d’un type à la dérive, Brandon, amputé des sentiments, sex addict mais pas seulement. Si Shame n’échappe pas à quelques tics de réalisation (McQueen est plasticien et veut parfois donner du sens à chacun de ses plans), il possède une vraie force de cinéma, le genre de claque qui vous travaille longtemps après la fin du film.
Brandon confond désir, jouissance et plaisir. Sa vie n’est faite que d’interactions sexuelles quotidiennes qui l’empêchent de s’engager dans une relation lorsque celle-ci devient trop intime. Malheureusement pour lui, il n’est pas libertin, c’est un prédateur qui consomme du sexe pour annihiler ou éloigner son désir, qu’il vit comme une faute. Le sexe chez lui n’est jamais intime, il est uniquement mécanique et hygiénique.
La force de McQueen est d’adapter la forme au fond : Shame est froid (mais non dénué d’humour), cru et rempli de sexe mais sans aucune scène excitante. Le film a du cul partout (jusque dans le quotidien) mais toujours montré de manière mécanique (la seule scène de plaisir sexuel, qui ne concerne pas Brandon, n’est d’ailleurs pas filmée). L’expression « tirer un coup » n’a jamais été aussi adaptée à un film, comme on le dirait pour une arme à feu, froide et mécanique.
TheGreatGatsby
8
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le 26 sept. 2012

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