Branle bas de combat
Donc après le trip ces pauvres flics (Polisse), ces pauvres handicapés (Intouchables), ces pauvres danseuses (Black Swan), ces pauvres bègues ( Le Discours d'un roi), ces pauvres dépressifs...
Par
le 13 déc. 2011
192 j'aime
128
Le sujet du porno est contemporain et il est de plus en plus traité au cinéma. Avant Don Jon qui parle d'un gars choppeur addict au porno, il y avait Shame. Les 2 films traitent du même sujet de manière complètement différente et le traitement de Shame me parait bien plus intéressant.
Dans Don Jon, le héros est un macho qui met des notes aux filles en boite et qui ne peut s'empêcher de matter du porno après avoir fait l'amour. Le film est très clippesque, les images de porno s'enchainent à l'écran pour montrer la facilité, la rapidité et l'impact des images. La personne devient un consommateur d'images parfois excessives. Hélas, le film se perd dans beaucoup de clichés et transmet l'idée que " le physique ce n'est pas le plus important mais c'est le lien relationnel " entre autres banalités...
Shame est un film bien plus froid et à l'occasion bien plus réaliste sur la souffrance que peut occasionner le porno lorsqu'il éloigne la personne de la réalité. On ne montre pas de porno, on voit l'impact qu'il engrange sur une personne solitaire. Le porno devient ici une honte, un passage obligatoire pour combler des pulsions de plus en plus violentes. Le personnage principal vit seul, a des difficultés relationnelles et n'arrive pas à avoir de relations avec des filles en dehors du cadre sexuel.
Certaines critiques m'ont paru sévère par rapport au personnage principal, ce n'est pas un salaud mais quelqu'un qui souffre. Quelqu'un de perdu qui n'a pas d'aide et qui n'arrive pas à parler de ses problèmes. C'est surtout un personnage frustré sexuellement, porté uniquement sur la performance sexuelle et qui n'a pas d'harmonie avec les autres que ce soit au niveau relationnel ou sexuel.
Il a sa propre prison : son appartement seul, son travail qui lui prend son temps et son ordinateur rempli de porno.
Il a du mal à communiquer avec sa propre sœur car celle-ci est névrosé et cherche une épaule sur laquelle se reposer. Hélas il n'est pas aussi solide et s'éloigne d'elle car il a honte de lui-même et honte que celle-ci découvre son addiction au sexe virtuel.
Le film est lent, certains le trouveront surement très long mais là encore une fois il raconte la vie monotone d'un gars qui n'arrive pas à s'en sortir.
Le héros devient une pale image du porno qu'il regarde, il veut jouir à tout prix mais il ne jouit de rien, il est enfermé dans son malheur de frustration sexuelle et ne partage rien.
Il veut s'en sortir tout seul en jetant son ordinateur par la fenêtre et tout ses DVD pornos mais il ne peut s'en sortir qu'avec les autres...
On espère à un moment qu'il arrive à s'en sortir lorsqu'il sort avec sa collègue de bureau mais il recommence sans cesse ses mêmes erreurs et reste seul lorsqu'il est éjaculateur précoce. Au lieu de parler et d'admettre son problème, il rentre dans un cercle vicieux "je dois jouir" et se retrouve dans des boites Gay perdu à leur recherche d'une jouissance toujours plus forte toujours plus riche ( ou toujours plus pauvre et malsaine).
Il y a une scène de ménage à trois ensuite, on ne sait plus si c'est un rêve ou un fantasme du personnage principal ou une réalité. Qu'est ce qui est fiction et qu'est ce qui est réalité ? Est-ce une utopie, une ile déserte où le personnage se délivrerait de toutes ses frustrations ? Ou alors le personnage replonge t-il dans ses pulsions de plus en plus fortes ?
Retour à la réalité à la fin avec la mort de sa sœur. J'ai trouvé cette conclusion un peu maladroite et hâtive, Steve Mc Queen lance un avertissement aux spectateurs néanmoins : le personnage se perd dans ses propres problèmes mais oublie ceux des autres, il délaisse complètement sa sœur qui va mal et le drame arrive alors que celui-ci était prévisible.
La fin du film est très interrogative. Elle reste ouverte : le personnage principal dans le métro va-t-il replonger dans ses travers ? Ou va t-il se détacher de la violence de ses pulsions par la mort de sa sœur ? La question reste ouverte ...
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus en 2016
Créée
le 7 févr. 2016
Critique lue 580 fois
1 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Shame
Donc après le trip ces pauvres flics (Polisse), ces pauvres handicapés (Intouchables), ces pauvres danseuses (Black Swan), ces pauvres bègues ( Le Discours d'un roi), ces pauvres dépressifs...
Par
le 13 déc. 2011
192 j'aime
128
Au coin de l’une des ruelles d’un New York translucide, le précipice est devant ses yeux. Ce quotidien morne et insensible, sonne les carillons aux heures attendues. Puis vint le coup de téléphone,...
Par
le 19 févr. 2015
142 j'aime
9
Ne jamais baisser les yeux. Plongée profonde dans les entrailles de la bête s'oubliant au tourbillon intense des plus bas instincts. Métronome pulsionnel, celui du bas-ventre, quotidien d'un fantôme,...
Par
le 9 juin 2013
141 j'aime
57
Du même critique
Le film est destiné à un certain public : américain, peu renseigné sur l'Europe et sur la politique hors des USA. Il ne comporte hélas que peu d'intérêt du point de vue européen car tout y est...
le 8 juin 2016
29 j'aime
4
Techniquement magnifique, La Danseuse pêche clairement au niveau de l'écriture brouillonne et du traitement superficiel des personnages. Film d'époque, on est d'abord porté par l'histoire de Loie...
le 14 mai 2016
21 j'aime
Je ne remets pas en cause le jeu initial qui est très bon et qui ma donné beaucoup de plaisir en temps que gamer . La critique qui suit est un édito type journalistique. Celui-ci donne son avis de...
le 30 oct. 2013
14 j'aime
57