Heureusement que le ridicule ne tue pas


Pour ceux qui ne connaitraient pas cette saga débutée en 2013, voila en bref, le pitch principal: Sharknado, c’est du pur téléfilm à petit budget qui revendique son statut de nanar. L’intrigue commence à Los Angeles où une tornade formée au large du Mexique entraine sur son passage des milliers de requins, formant un Sharknado qui s’abattra sur la ville et terrorisera la population. Fin Shepard, propriétaire d’une buvette au bord de la mer et surfer à ces heures perdues, tentera de sauver son ex-femme et sa fille. Au cours de son périple, il réussira à sauver la ville et deviendra un véritable héros national (plutôt super héros parce que réussir à sauter dans la gueule d’un requin pour en ressortir de l’autre coté, ça relève de l’exploit). Dans les suites, l’invasion de requins continuera de plus belle en frappant New York, puis ensuite Washington.


Chaque fois, Fin Shepard sera là et chaque fois, il devra sauver le monde, toujours armé de sa célèbre tronçonneuse (clin d’œil à Ash Williams dans Evil Dead). Le pire dans tout ça, c’est que ces téléfilms ont été couronnés de succès allant jusqu’à être sélectionné au festival de Gérardmer en 2014. Bien fichu, honnête, à chaque diffusion d’un nouveau film de cette saga, c’est devenu une sorte de tradition, un plaisir coupable, le spectateur zappait sur la chaine SyFy. Les suites allaient toujours plus loin avec toujours plus de scènes totalement déjantée, toujours plus de guests stars de choix (du Frankie Muniz, du Jerry Springer, du Lou Ferrigno, même George R. R. Martin), toujours plus de gore (des jambes, des têtes arrachées), toujours plus d’effets numériques abusifs et très vilains mais qu’importe, le fun il était là et c’était le principal. Après la scène finale partant encore plus dans le n’importe quoi dans l’épisode 3 (la naissance de petit Shepard dans un requin), on s’attendait à tout pour cet épisode 4 sorti en été 2016. Et on avait raison.


Le film de trop ?


Malheureusement oui. A force de vouloir coute que coute aller toujours plus loin dans la bêtise, on finit par faire du n’importe quoi qui en plus de ne plus faire rire, met mal à l’aise. Sharknado a abandonné son statut de film de série Z assumé, pour tomber dans du téléfilm parodique proche d’un Scary Movie. Sur le papier, c’est autant alléchant que l’affiche de ce quatrième opus qui se paye la tête de Star Wars Le réveil de la force sorti quatre mois plus tard. Seulement vingt petites minutes sont passées, qu’on a déjà eu :
• Du générique déroulant à la Star Wars (même typographie, musique similaire),
• David Hasselhoff en costume d’astronaute qui est toujours en vie et combat du requin sur la lune avant d’être secouru par un astronaute ressemblant à s’y méprendre au jouet Robosapien X,
• Une promo d’Astro-X qui pompe sur Starship Troopers,
• Fin Shepard qui vit paisiblement dans sa ferme au Kansas avec son fils de 5 ans qui est doublé par un acteur qui en à 10 de plus,
• Du sharknado qui revient et des requins qui sèment la zizanie dans un casino,
• Du chippendale cognant à main nue du requin ET avec sa zigounette (non ne partez pas le meilleur est à venir !!),
• Une voiture coincée à plus d’une centaine de hauteur avec à son bord notre héros (son fils ainé et sa future belle fille qui tiens…c’est pas l’actrice de Tout le monde déteste Chris ?) qui arrive à la faire atterrir sur la route et sans dommages pour prendre la barre d’un navire de pirates et ainsi fuir Las Vegas inondée par les eaux et infestée de requins.


Tout ça, c’est juste l’introduction du film (mention au générique animé avec le retour de la chanson : The ballad of sharknado). Qu’est ce que va donner la suite ? Et ba pas mieux. Dans ce quatrième épisode, on se marre parce qu’on a tellement honte de regarder ce film affligeant et tellement honte pour l’équipe du film, qu’on est obligé de rire. De désespoir sans aucun doute mais au moins on rit.


Toujours plus de délire, toujours plus de requins


Trois catégories de spectateurs vont voir différemment ce film. Ceux qui se prennent au sérieux et qui vont zapper en moins de deux, ceux qui vont décider de mettre leur cerveau sur pause pendant 90minutes, ou ceux qui, comme moi, vont prendre au départ le film pour ce qu’il est (un nanar comme les trois premiers opus) mais le plaisir coupable, il va disparaitre, laissant place à un sentiment de honte, de lassitude. Où est passé le coté héroïque des premiers films ? Tout semble dans ce quatrième opus tellement facile qu’il perd de sa superbe. Là où il a du Fin Shepard, il y a toujours du requin. Absurde, grotesque, le rythme soutenu de ce film a beau nous empêcher de nous ennuyer, le montage charcuté qui en vient très vite au fait, l’excès d’effets spéciaux et les dialogues tellement poussés nous font par moment décrocher. Le délire n’est plus pareil que le délire du premier Sharknado. C’est lourd. Et qu’est ce que c’est que ces effets spéciaux? Ils sont plus nombreux que dans les films précédents mais ils sont horribles. Même avec un Smartphone on ferait mieux. Le premier Sharknado était beaucoup mieux foutu.


C’est un fait, c’est un nanar, il ne faut pas chercher d’explications mais là, on n’y croit plus une seconde. ET à cette histoire, ET au surnombre incalculable d’incohérences, ET aux personnages caricaturaux au possible. Sharknado 4 n’est plus même plus du nanar, il va au-delà. Pour le casting, on ne fait pas mieux entre les acteurs principaux qui commencent sans aucun doute à en avoir marre de jouer dans cette horreur (sauf David Hasselhoff et Tommy Davidson qui s’éclatent comme des fous) et cette pléiade, ce véritable festival d’actrices toutes botoxées les unes que les autres.


On prend par contre plaisir à reconnaitre des têtes connues. Des stars de cinéma, de la télévision, du sport (le catcheur/chanteur Chris Jericho qui cède sa place à Seth Rollins), beaucoup d’acteurs et actrices ont un petit rôle mais un rôle marquant. Mention à la petite réunion de David Hasselhoff, Gena Lee Nolin et Alexandra Paul de la série Alerte à Malibu (la série que les hommes regardaient pour son scénario…). Les références à des monuments du cinéma se font entendre ou voir. Parfois c’est maladroit, d’autres fois c’est bien placé comme la freluquette Tara Reid qui fait un retour remarqué en optant pour un look entre Terminator et Iron man. C’est pas plus bête qu’un Scary Movie, Hot Shots ou un épisode de la saga des Y-a-t-il. A vous de voir si vous êtes du genre à adhérer à ce type de films, à vous de voir si vous êtes ouvert d’esprit (je pense que là, il faut l’être encore plus que la normale).


Quand Sharknado vous donne des leçons


Avec Sharknado 4 j’ai malgré tout appris des choses. Comme, entre autre :
• Qu’avec deux petits requins et un fil électrique on pouvait faire un défibrillateur,
• Que si tu tombes dans les chutes du Niagara, tu ne seras pas mouillé,
• Que des fois, les requins, ils ne vous croquent pas, ils vous gobent.


Comme si ça ne suffisait pas, j’ai aussi découvert de nouveaux types de tornades :
• Un sharknado entrant en contact avec des roches devient un rochenado,
• Un sharknado entrant en contact avec une centrale électrique devient un éclairnado,
• Un sharknado entrant en contact avec des vaches devient un vachenado,
• Un sharknado entrant en contact avec du pétrole devient un prétolenado qui, en explosant, devient un flammesnado,
• Un sharknado entrant en contact avec une centrale nucléaire devient un nucléonado.


Au finalnado, Sharknado 4, c’est totalement barré, poussé jusqu’au bout du grand n’importe quoi, du grand guignolesque en puissance. Les effets spéciaux sont toujours aussi pourris, les acteurs jouent toujours aussi mal, les costumes dont immondes (Fin dans une armure de mecha, il faut le voir pour le croire), la version française est encore plus ridicule (mention au doubleur de 15 ans qui double un gosse de…5ans), de la surenchère sur tous les plans, de l’incohérence, de la facilité scénaristique. Tout est voulu mais là, on sait désormais que la débilité a son seuil de tolérance. Où se positionne ce film maintenant: Est-ce un nanar ? Un navet ? Une blague ? Le film de la honte ? Encore un plaisir coupable ? Difficile à dire.

Jay77
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le 16 janv. 2017

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Jay77

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