A l'heure où les films de zombies sont devenus un genre à part entière bien distinct du genre de l'horreur qui l'a vu naître, comment innover? Comment proposer une nouvelle lecture du mythe aux codes déjà établis et aux sous-genres maintes fois revisités?


Car c'est ici tout le piège avec les films de genre. Respecter les codes du film de zombie n'a rien de bien difficile : un bon tuto make-up, une rapide critique de la société de consommation, de l'hémoglobine bien dosée, des héros archétypaux mourrant les uns après les autres pour ne laisser que celui aux valeurs les plus nobles à la fin. Et voilà vous avez votre film de zombies. La véritable difficulté réside justement dans la volonté de proposer un film capable de se distinguer de la masse de films médiocres que ces dernières années nous ont infligé.


C'est là que débarque Edgar Wright. Réalisateur encore peu connu à l'époque, ce dernier se met en tête de proposer sa version du film de zombie. Pour cela il sera aidé par deux comédiens d'exceptions : Simon Pegg et Nick Frost


Simon Pegg d'abord. Ce dernier joue le rôle de Shaun, l'archétype du loser au grand coeur. Bien que Shaun soit très gentil, celui-ci n'a aucune ambition et compte bien passer le reste de sa vie à faire un métier qui ne lui plaît pas, puis à passer ses soirées au Winchester, QG de débauche pour lui et son coloc, au grand dam de sa petite amie.
Nick Frost ensuite. Le coloc en question. Un gars fun et beaucoup plus sûr de lui! L'archétype du gars irresponsable qui refuse de s'intégrer dans la société.


Alors que la petite amie de Shaun le quitte de peur de passer le restant de ses jours accoudée au bar du Winchester, celui-ci prend une grande décision : reprendre sa vie en main. Malheureusement pour lui, l'apocalypse zombie débute le lendemain. Ou alors heureusement ? Car c'est dans l'adversité que notre héros va se révéler ! Sauver la femme qu'il aime, renouer avec sa famille et s'affirmer auprès de son coloc. Mais tout cela ne trouvera son utilité que s'il survit aux hordes de zombies!


Ce film est un véritable bijou. Si Edgar Wright cherche à nous délivrer une comédie, il ne veut pas pour autant sombrer dans la simple parodie. Respectueux des codes qui font les grands films de zombies, le réalisateur va donc s'essayer avec brio à l'art du pastiche. Récupérant tous les codes du film du zombie, il va les réutiliser pour coller parfaitement à l'humour de ses deux acteurs. Le film n'oublie pas non plus de raconter son histoire, celle de Shaun et de son besoin d'évoluer pour s'épanouir dans la vie.


Quelques scènes resteront mythiques : le lancer de vinyles, les palissades, la révélation du beau-père, la scène finale... C'est donc un grand film plein d'humour et d'action qui s'autorise en plus une fine critique sur la société et ses dérives.


Premier essai d'une trilogie reposant sur la forme du pastiche, Shaun of the Dead est un incontournable qui a su réhabiliter un genre en perte de vitesse. Si vous devez commencer quelque part, c'est ici! N'hésitez pas!

AymericBeatrix
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le 16 nov. 2019

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Captain Frisbee

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