Première incursion au long-métrage pour l'équipe de banlieusards parisienne de Kourtrajmé, première incursion dans l'horreur également, Sheitan est une œuvre plutôt mitigée. Mélangeant maladroitement film de genre et film de mœurs, le film de Kim Chapiron s'avère inégal. La première partie du film commence donc comme une comédie dramatique sur des jeunes des cités découvrant la nature campagnarde.
Chapiron met donc tout son talent visuel pour nous servir des plans léchés et colorés (notamment dans la boîte de nuit), alternant entre passages réalistes violents et séquences plus douces. Quasi-parodique dans sa forme, ce début se moque des banlieusards qui découvrent avec stupeur un village peuplé de rednecks français des campagnes. Incompréhension mêlée à la moquerie un poil exagérée, le spectateur est face à un malaise communicatif dans cette bourgade isolée composée de « bouseux » et d'arriérés consanguins.
Parmi eux, l'atypique Julie-Marie Parmentier et surtout Vincent Cassel, impressionnant en géant un peu simplet mais vite attachant. S'en suit une progression de l'étrange vers l'horreur pure entremêlée de gros mots à tout-va, de sexe, de conneries de d'jeunz inutiles, d'humour la plupart du temps lourd puis de suspense, de scènes d'angoisse réalistes (le soi-disant viol dans la grotte, l'ambiance oppressante...).
La fin du film réserve donc son lot de scènes sanglantes bien menées entre action bourrine et séquences oniriques centrées vers le bizarre pur. On regrettera donc principalement un manque total de réelle cohésion dans la progression de l'histoire. Heureusement que le final, qui aurait pu partir en sucette, se rattrape en évitant le twist final inutile. Bref, on a vu mieux en la matière pour le premier film d'une bande de jeunes limite amateurs, c'est plutôt réussi...