Je ne trouve pas les mots... seulement les guillemets

Effectivement, il est difficile de trouver les mots pour décrire une chose pareille... Et seuls les guillemets seront appropriés pour désigner les "acteurs", le "scénario" tant on est loin de ce que signifient ces mots. Ce n'est pas un nanar, ni même un navet, c'est bien pire... D'ailleurs, quand il s'agit de savoir ce qu'on pourrait sauver du film, ben, on trouve rien. Pour donner une idée, l'"actrice" qui s'en sort le mieux est celle qui a le moins de dialogues (tant mieux d'ailleurs). Sinon, il ne se passe absolument rien, c'est pas crédible pour un quart du tiers de la moitié d'un rouble dévalué.

Le "scénario" est pourtant simple (mais ambitieux) : un slash movie qui pourfend les stéréotypes sur les jeunes de banlieue (on y a déjà eu droit avec Yamakasi aka "je-saute-sur-les-murs-pour-atteindre-le-prochain-mur-que-je-vais-sauter-aussi-avant-d-attaquer-le-prochain-prochain-mur" dans le genre action et c'était déjà une réussite spirituelle).

Donc nos jeunes de banlieue vont en boîte la veille de Noël. Là, il rencontre une jeune fille mystérieuse (la fameuse qui parle quasiment pas) qui les invite à la campagne pour passer le réveillon du 25. Nos jeunes bien élevés ne peuvent refuser une invitation au risque de blesser leur future hôtesse et tant pis si maman et papa ont prévu un repas pour demain. Ils partent donc sur les routes (longue la route quand même...), s'arrêtent pour prendre de l'essence (si, si, et le moment où ils remplissent le réservoir d'essence est d'une intensité insoutenable : vont-ils le remplir à fond ? Vont-ils avoir suffisamment d'essence pour arriver à destination ou vont-ils faire une nouvelle pause-station ? En revanche, rien ne nous est dit si certains sont allés aux toilettes ce qu'on ne peut que déplorer...). Ils finissent par arriver sur le chemin de la maison de campagne, font connaissance avec Cassel qui simule une éjaculation faciale avec un pis de chèvre et poursuivent jusqu'à la maison. 30 minutes et il ne s'est encore rien passé (sauf la pause-station mais j'en ai déjà parlé). Là, on se dit que ça va bouger. Ben, en fait, non. Ils vont faire une balade dans le village où tous les habitants sont des attardés (en même temps, ce sont des campagnards qui couchent entre eux) et le "réalisateur" (Kim Chapiron) peut ainsi habilement remplacer le racisme envers les jeunes de banlieue en ruroracisme (les ruraux sont tous des dégénérés qui n'ont jamais vu la ville et qui couchent tous entre eux et ça c'est vraiment dégueulasse). Face à tant de finesse et brisage (il faut inventer un terme tellement c'est fort) de tabous sur les habitants de la campagne, l'émotion gagne (si vous n'avez pas pleuré à la station essence, là vous ne pourrez résister).

A partir de là, vous devriez avoir éteint la télé ou casser l'objet en question. Je vais donc vous résumer la fin. Il ne se passe rien de plus si ce n'est qu'un des personnages se tire dans le forêt et que le "réalisateur" a dû oublier son existence ou perdre la fin du "synopsis" parce qu'on ne saura jamais ce qui lui est arrivé. L'un des héros se fait arracher les yeux et les autres partent en voiture (est-ce qu'ils vont avoir assez d'essence car ils ont fait le plein qu'une fois quand même se demande le spectateur tout à son émotion encore vivace de la scène de la station essence) et roulent à fond parce qu'ils ont eu vachement peur (ils savent que la fin approche et que leur nom va apparaître alors ils préfèrent fuir ce qui me semble la seule réaction raisonnable face à un désastre pareil).

Je ne sais quoi ajouter d'autant plus que l'envie de vous jeter sur ce film doit vous tenailler et que je ne voudrais pas accentuer ce sentiment déjà pénible.

Juste une prière pour la fin : par pitié Kim (et pour l'amour de Dieu ou de n'importe quoi d'autres d'ailleurs), arrête le "cinéma".
Katane
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le 27 mars 2011

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