Sherlock Holmes par Xidius
Pour Guy Ritchie, moderniser signifie prendre un pilier de la littérature anglaise et lui injecter une bonne dose d'adrénaline foireuse. Comprenez par là qu'il faut que ça pète de partout, entre des séquences où des chaînes bien virtuelles s'agitent devant l'écran tandis qu'un bateau tout aussi artificiel tombe à l'eau sous un déluge d'effets spéciaux assez hideux.
De même, et parce que les explosions c'est cool aussi, on fait tout péter, quitte à faire une scène assez hallucinante dans laquelle les personnages vont d'un côté, boom, repartent de l'autre, reboom, retourne au premier point, rereboom et finissent au second point pour un boom final. (Oui, ca fait 4 fois que le bâtiment et tous les bidons du coin explosent, mais ils ont étés remplacés à la vitesse de la lumière pour allonger la scène, c'est ça la magie du cinéma.)
Tant qu'à avoir l'air cool et à donner dans le ralenti à tout va, pourquoi ne pas faire une vraie scène de combat dans laquelle on va te mettre les mouvements de muscles et autres au ralenti? C'est tellement cool ! Oh et en plus, ça tombe bien puisque Ritchie, il connaît bien les scènes de combat. Quoi que... Bon, bah reprenons celle de Snatch et "Snyderisons" là au possible. Pourquoi s'emmerder non?
Comme c'est moderne, bah faut que ça claque gros. Alors vas y que je vais te faire un Londres tout photoshopé et qui sonne à peine artificiel, surtout dans la scène finale du duel aussi passionnante que l'étude de mon pied gauche. Un passage durant lequel vous pourrez étudier à foison l'art du fond vert visible et de ces énièmes cordes voltigeantes en CGI, que Ritchie aime décidément.
Moderniser, ça veut aussi dire faire un scénario sans structure, dans lequel on se demande au bout d'une heure et demi de film quand est ce que le schmilblick a démarré, parce qu'il a l'air d'avoir démarré mais encore faut il avoir suivi ce fabuleux bordel qui se termine évidemment par les superbes déductions de Sherlock Holmes, un détective tellement intelligent qu'il a tout trouvé, forcément, mais tout seul puisque si vous vouliez deviner le pourquoi du comment, c'est strictement impossible étant donné que vous n'aurez pas les indices suffisants pour le faire durant le film, ce qui permettra à notre héros encore une fois de tout trouver tellement il est fort. Faut dire que les explications qui tombent du ciel, c'est balèze.
Un scénario si bien écrit que l'on se demande si il y a eu un climax, que la scène finale censée introduire un personnage pour la suite en mode Batman Begins fait l'effet d'une mouche qui passe et que lorsqu'il faut faire un gag, non seulement ça met trois plombes à se mettre en place mais surtout c'est si bien branlé que ça tombe complètement à plat...
Quand à notre cher détective, parlons-en! C'est triste à dire et pourtant, c'est la stricte vérité. Prendre un excellent acteur et le laisser en roue libre ne donne pas forcément un bon résultat, et voir Downey Jr. ramer à ce point dans la semoule fait mal au cœur et rappelle Johnny Depp dans ses pires cabotineries, un modèle s'il en est. Le bougre se démène tant bien que possible pour rester à la surface mais en arrive même à se faire éclipser par Jude Law, c'est dire...
Moderniser, pour Guy Ritchie, ça veut surtout dire être prétexte à se foutre royalement de la gueule du spectateur durant un truc interminable et pénible (c'est le mot) tout en le prenant pour un connard. Alors t'es gentil mon petit père british mais encore pour Revolver, on laissait l'ombre du doute, autant pour Rock'n Rolla, on se demandait si tu cherchais tes marques à nouveau mais définitivement ce coup ci, tu nous entubes en beauté. La prochaine fois, t'iras te faire foutre.