Élémentaire mon cher Jack, le réalisateur n'a d'yeux que pour moi.


Élémentaire mon cher Watson... élémentaire.



Je ne compte plus le nombre très important d'adaptation du plus grand détective de Londres Sherlock Holmes, à un point ou cela pourrait devenir des plus banals, sauf que cette fois-ci on a droit à une idée originale puisqu'on le confronte à un ennemi de taille. Deux légendes devenues véritables mythe réuni pour l'engagement d'une confrontation grandiose, Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur. Une idée en définitive si lucrative qu'un roman tiré de ce film de Paul W. Fairman verra le jour deux ans plus tard, et bien d'autres support.


James Hill le réalisateur sert ce combat sur un fond de théâtre polar d'épouvante plutôt bien amené appuyé par une ambiance stressante et un scénario qui certes bas un peu de l'aile par endroits mais réussi à nous tenir en haleine jusqu'à la fin, délivrant tour à tour de petit moment d'ingéniosité.


Son récit est propre nous livrant une enquête pleine de cachotterie et de suspens même s'il est fort à regretter un développement autour de Jack l'Eventreur assez chaotique, autant pour Sherlock Holmes tout est là pour bien le mettre en avant, autant pour son antagoniste on nous sert le strict minimum ce qui est fort regrettable au vu du culte qu'il est censé représenter.


L'enquête bien qu'entraînante, et attrayante, est plutôt bien animé et un peu trop facile sur les bords car assez prévisible. De plus dès le départ on apprend en définitive que le détective légendaire avait un soupçon avéré sur qui était le véritable assassin, ce qui en soi rabaisse l'intelligence et le danger de Jack qui depuis le départ n'avait finalement aucune chance.


L'idée d'avoir mélangé dans un film un personnage fictif (Holmes) à un personnage ayant bel et bien existé (Jack) est intelligent vu que tous deux évoluent à une époque similaire. Certes les véritables raisons de Jack l'Eventreur sont totalement détournés au profit de Sherlock mais le concept est là, même si cela s'apparente pas mal à une ébauche.


Cependant il est à remarquer une volonté de bien faire puisque certains élément vrai de l'histoire de l'Eventreur sont traduite dans le film, comme les noms des victimes qui sont les mêmes que la réalité, Jane Kelly, Chapman Annie, Polly Nichols, Stride Elizabeth, Eddowes Catherine et Tabram Martha même si cette dernière n'est que supposé. Même le roman d'Holmes a droit à son clin d'oeil comme par exemple le nom d'un des personnages CARFAX qui est en référence à La Disparition de Lady Frances Carfax, une des très nombreuses nouvelles d'Arthur Doyle sur Sherlock Holmes, par ailleurs le scénario de ce long métrage est inspiré du fils de celui-ci.


L'action est étonnamment bonne pour l'époque et livre une mise en scène certes un peu vieille mais qui fait bien son boulot en délivrant de bons moments de tension. La reconstitution de la vieille Londres est certes minimaliste et pondérée mais suffisante à l'enquête, même si je regrette une utilisation de cadre pas assez ouverte sur-le-champ et un peu trop confiné, cela a au moins le mérite d'apporter une ambiance particulière. Mais ça se sent que la quasi-totalité du film c'est fait en studio. La musique de John Scott bien que un peu daté réussi à sublimer certains instants de bravoure, toutefois elle aurait mérité un peu plus de cynisme dans ses notes durant les partis de chasse du tueur.


Bravo et chapeau bas à l'apparition exaltante de Georgia Brown (à ne pas confondre avec la Brézilienne du même nom) qui pour ceux qui l'ignore fut une grande chanteuse habituée de Broadway qui remporta une nomination au Tony Award. Bien qu'elle soit régulièrement vu dans des films je ne m'attendais pas à la retrouver dans cette production où elle joue une chanteuse de cabaret d'un bar qui nous interprète pas moins de deux chansons.


La distribution est plutôt excellente surtout autour du duo que forme le Docteur Watson incarné par Donal Houston, et le détective Sherlock Holmes joué par John Neville. L'alchimie fonctionne bien entre les deux, il est toutefois à regretter une utilisation envers ce cher Watson de comique de service. Certes, il est sympathique comme personnage et fait preuve par moments d'efficacité (sous la tutelle de son supérieur) mais il reste clairement un faire valoir qui est visiblement déstabilisé et perdu par l'enquête et ne comprend clairement rien à rien aux événements.


Sherlock Holmes quand à lui est vraiment excellent, le comédien offre une incarnation brillante, démonstratif, et probant. Véritable dandy aux déductions pour le moins incroyables et clairvoyantes qui ne cesse de surprendre en devinant rapidement tout, avec un esprit de déduction hors normes qui peut par moments sembler être tiré par les cheveux mais qui s'avère tout de même logique. Un raisonnement hors pair servi d'un caractère souvent délicieusement arrogant est un brin prétentieux mais clairement orgueilleux qui donne de la substance et du panache au personnage.


Vêtu de sa tenue mirliflore légendaire ainsi que de sa fameuse hunting Cap (casquette à visière et cache nuque), la pipe à la bouche et la loupe à la main il caractérise totalement le film et apporte réellement le dynamisme à lui seul. Il est également agréable de le voir affabulé de toute sorte de toc comme avec son violon dont il joue plutôt mal mais qui lui permet de mieux ce concentrer en le grattant des heures et des heures durant, et aussi sa fameuse réplique:


-"Élémentaire mon cher Watson".


Là ou le bougre m'épate c'est qu'en plus d'avoir cet esprit cartésien inéluctable il sait se battre, mieux que ce pauvre Watson qui décidément ne peut même pas le surpasser dans ce domaine. J'aime beaucoup sa canne d'où sort au bout une lame affûtée qui me rappelle allègrement Baby Cart et son attirail. Les autres comédiens s'en être incroyable fonctionnent suffisamment pour faire évoluer le récit.


Vient enfin Jack L'Eventreur dont je ne préciserais pas qui l'incarne pour maintenir le suspens.
Il est sans détour le point noir du long métrage !


Les explications pour lesquelles il commet tous ses meurtres dénaturent le personnage, certes on n'est pas obligé dans une telle adaptation de coller avec les réelles raisons, mais ce n'est pas une excuse pour partir sur un postulat scénaristique si téléphoné, même pour l'époque. Il manque clairement de charisme et n'apparaît que trop peu de temps par rapport à Holmes.


Dans une telle production il aurait été plus élaboré et ingénieux de ne pas cacher l'identité de Jack, au moins on aurait pu aborder clairement cet antagoniste et il aurait pu être présenté aussi nettement que le détective ce qui aurait apporté plus de profondeur et de tension.
Bien entendu, il n'est pas non plus affreux et possède de bon point, comme par exemple les séquences de ses meurtres qui sont étonnement violenté et grandement sanglante pour l'époque, chose qui sur le moment m'a assez surpris.
.


CONCLUSION:


Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur ne sera clairement pas l'aventure la plus salvatrice et novatrice du détective, mais il aura l'esprit d'apporter un peu d'originalité en faisant affronter deux entités emblématiques. Une réalisation relativement angoissante et bien élaboré, appuyé d'une mise en scène techniquement un peu pauvre, servis d'un casting convaincant avec en tête un Sherlock pour le moins haut en couleur superbement incarné qui ravira les fans du personnage, mais qui devrait frustrer les fans du tueur sanguinaire. On est loin du chef-d'oeuvre mais le plaisir est formellement là !

B_Jérémy
7
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le 14 nov. 2018

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