Stanley Kubrick s'est essayé à tous les genres de films ou presque. Péplum, science-fiction, film historique, comédie... Par chacune de ses œuvres cinématographiques il a transcendé le genre. Et par Shining, il revisite avec brio le genre du film d'horreur.

M. et Mme Torrance on un fils. Un fils shining. Qui a des visions. Qui voit l'avenir. Et qui a un ami imaginaire pas très sympathique, voire carrément creepy. Alors quand la famille Torrance se retrouve enfermée dans l'immense l'hôtel Overlook, avec pour seul contact extérieur la radio reliée au poste de police le plus proche, on se dit que les pauvres parents vont se retrouver confrontés à je ne sais quel phénomène paranormal terrifiant.
Que nenni. Très rapidement, c'est le pauvre enfant que l'on se met à plaindre, et pour lequel on se met à prier qu'il en sorte indemne.

Et bon sang, quel gamin ! J'ai été très impressionnée par l'expression terrifiée de sa petite bouille tremblante, ne pouvant plus supporter ses visions. Danny Lloyd était un petit acteur de génie, campant son rôle d'enfant torturé avec un talent monstre. « Redrum, redrum, redrum », qu'il dit, de sa petite voix rauque, un couteau à la main. C'est à glacer le sang.

D'autre part, l'ambiance épouvantable est parfaitement maîtrisée. Les premières minutes suivant la petite voiture de Jack Torrance sur les routes sinueuses du Colorado ne semblaient pourtant pas nous prédisposer à l'horreur. Et pourtant, très rapidement, un sentiment d'oppression vient à nous. Ce sont les travellings incessants de Kubrick qui nous donnent l'impression que nous sommes avec eux, enfermés, en danger dans les couloirs de l'hôtel Overlook. Par la géniale maîtrise de la réalisation,nous subissons peu à peu une montée de stress, par un crescendo irrépressible et insupportable.. Ce qui fait de Shining un vrai chef d'oeuvre. Car rien n'explique notre peur au début du film ! Lorsque Danny roule sur son tricycle, pourquoi sommes-nous si certains qu'au détour d'un couloir il va croiser un être malveillant ? D'où vient notre gêne lorsque Wendy et son fils se baladent dans le labyrinthe ? De la musique. La musique terrifiante, aux violents stridents faisant parfois penser à la musique de Psycho. C'est aussi sur elle que repose l'ambiance du film, c'est (en partie) grâce à elle que ce film est un véritable chef-d'oeuvre.

Cependant, si Shining réussit à horrifier le spectateur et à l'amener à se recroqueviller sur sa chaise, il n'en reste pas moins des zones d'ombres, liées apparemment aux coupes du réalisateur pour la version européenne. On apprend au milieu du film que Jack aurait déjà frappé son fils ? Ah bon. Le tout apparaît du coup un peu chaotique – et je n'ai pas compris tout de suite la fin du film. J'attendais une réponse : le rapprochement sur le mur à photo, lors du dernier plan, ne m'a pas apporté de réponses à toutes mes questions.

J'attends de voir le montage américain, rallongé de 25min, creusant plus la psychologie des personnages les relations entre eux, et ne laissant (je l'espère) plus rien au hasard.
Pukhet
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le 1 févr. 2012

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