Equiticr

Vous aimez Stephen King ? Oui !
Vous aimez Stanley Kubrick ? Oui !
Pensez vous que ce film sera le meilleur des deux ? Oui !
Eh bien vous vous plantez. Et pas qu'un peu. Tout d'abord petit retour sur l'oeuvre originale, le livre.
Ce roman est un des premiers romans de Stephen King, celui qui avec Carrie a su l'imposer comme un écrivain hors normes et un véritable créateur de cauchemars. L'ayant lu je peux vous assurer que c'est une des pièces maîtresse de l'auteur, quelque chose d'inclassable tellement c'est parfait et foutrement bien écrit. Le roman nous raconte l'histoire de Jack Torrance, un écrivain raté qui n'a pas d'autre choix que de prendre la garde de l'Overlook hotel, un véritable palace, pendant l'hiver. Sauf que Jack est alcoolique. Petit à petit, verre après verre, l'écrivain va sombrer dans la démence et nous lecteur, nous assisterons à sa descente aux Enfers qui n'a rien à envié à la Divine Comédie de Dante.
Mais qu'en est-il du film alors ? On est là pour parler du film et non de ce chef-d'oeuvre de petit bouquin, non ? Eh ben... Le film est un succès, mais c'est une piètre adaptation. Le long métrage se contente de garder les grandes lignes du livre pour en faire quelque chose d'assez étrange et plutôt indescriptible. Je pense que le fait que le film fonctionne malgré l'absence totale de fidélité au matériel original est dû à la présence de Jack Nicholson et, putain de merde, qu'est-ce qu'il est doué. On voit que quelque chose ne tourne pas rond chez ce type, on aimerait pouvoir savoir quoi mais c'est impossible. Le regard de Jack vous possède par moments, vous glaçant le sang jusqu'à la moindre de ses molécules. J'hyperbolise mais jamais je n'avais ressenti un tel jeu d'acteur, c'est quelque chose de phénoménal. Ce jeu d'acteur compense avec la froideur constante de celui de Shelley Duvall qui est quasiment sans relief, à quelques exceptions près. On accentue tout ça avec cette ambiance glauque au possible et on obtient un film qui fout vraiment les jetons.
En ce qui concerne la technique, le film nous propose des plans ras-le-plancher grâce à un truc inédit à l'époque, le steadycam. En gros c'est un système qui permet au cameraman d'avoir un travelling stable et rapide à hauteur d'homme (entre autres, Wikipédia est votre ami si il vous avez envie d'en apprendre plus) autant vous dire que ça en scotchait plus d'un à son siège quand les plans en questions apparaissaient à l'écran. Aujourd'hui ça semble banal mais c'était une véritable avancée technologique pour l'époque.
En résumé, Shining, c'est quoi ?
C'est une mauvaise adaptation de bouquin mais comme le film fait ça à sa sauce, c'est loin d'être décevant. Certes le bonhomme est un très bon cinéaste et ce Shining nous le montre, mais je n'irai pas jusqu'à crier au génie comme beaucoup de personnes quand le nom de Kubrick est prononcé. Ce film reste sympa, innovant et vous vraiment les boules mais j'en attendais plus d'un long métrage mélangeant le style d'un des réalisateurs les plus doués de son époque et celui du très grand Stephen King. D'ailleurs, ce dernier déteste le film. On se demande bien pourquoi...