Jackie Chan n’a pas attendu ce film pour prouver qu’il était bon acteur dans le registre dramatique. First Mission, Crime Story, New Police Story étaient déjà des preuves. Et son interprétation dans The Shinjuku Incident n’est pas meilleur ou plus mauvaise.
Non, ce qui frappe d’abord, c’est que The Shinjuku Incident partage plusieurs points communs avec le sujet de Scarface de Brian De Palma : L’immigration (Chinois/Cubains), le gangstérisme (Yakusa/Mafia Colombienne), l’ambition du personnage (Steelhead/Montana). La différence majeur réside dans le traitement du personnage: Jackie Chan y interprète un homme ambitieux (comme Tony Montana) mais doué de raison (il pense aux autres et à sa communauté avant de penser qu’à lui et lui seul comme Tony Montana). On s’aperçoit alors que le film de Derek Yee (réalisateur des très bon One Nite in Mongkok, Protégé) utilise comme toile de fond le gangstérisme pour mieux distiller le véritable propos du film qui est l’intégration, notamment sur la manière dont se tiennent les immigrés chinois dans un pays qui n’est pas le leur (le Japon ici). Et là, on sent que The Shinjuku Incident a brisé un tabou en Chine. Certes le film est violent avec quelques passages gores mais son traitement sobre ne lui a pas empêché d’être classé dans la CAT III (ultra violence, sexe).
Ce qui est d’autant plus surprenant, c’est que le propos est tenu par les chinois eux-mêmes puisque que The Shinjuku Incident est un film produit, réalisé, écrit et interprété par des chinois mais tourné au Japon avec des techniciens japonais. En cela, le film est très humble et sincère. J’aurai aimé cependant qu’il y est de la part de Derek Yee une réelle proposition de cinéma quelque chose qui puisse marquer les esprits. Les séquences sont parfois vite expédiés ce qui fait perdre énormément en émotion. On sent parfois qu’il s’est uniquement reposé sur son acteur principale Jackie Chan et le paysage violent qui l’entoure. Remplacez Jackie Chan et supprimez la violence et le film perd sa grande lumière. Ceci dit, heureusement qu’il est soutenu par de très bon seconds rôles comme le toujours excellent Lam Suet et bien sûr Daniel Wu l’un des meilleurs acteurs de sa génération.
A défaut d’être un excellent polar noir, The Shinjuku Incident est un honnête et sincère film de gangster où le paysage social décrit sur le destin de ces chinois immigrés au Japon ne manque pas de nous attendrir. A l’image de la séquence de fin très lourde de sens…