Auréolé de 7 Razzie Awards, Showgirls de Paul Verhoeven fait certainement partie des films les plus détestés de l'histoire du 7ème art. C'est très malheureux car il s'agit à mon sens du film ultime de son réalisateur, le film où l'on retrouve tout ce qui fait le cinéma à proprement parler du Hollandais Violent.


Pourtant il faut se rendre à l'évidence le film ne pouvait pas marcher, du moins pas à Hollywood.


Le film nous raconte l'histoire de Nomi Malone, jeune fille venant de l'est voulant tenter sa chance à Las Vegas comme danseuse. Typiquement le rêve américain, et très vite la jeune femme va déchanter se retrouvant dépouiller par un sosie d'Elvis dès son arrivée à Sin City. Elle va alors trouver un job dans une boîte de striptease jusqu'à être repéré par la star d'un show de revue dans un grand hôtel.


En lisant ça, on pourrait donc s'attendre à une belle success story, nous racontant l'histoire d'une jeune femme partant de très bas pour arrivée enfin en haut de l'échelle. Certes c'est un peu le cas, mais il ne faut pas oublier qu'on a Paul Verhoeven derrière la caméra. Showgirls a souvent été qualifié de film vulgaire, d'une beauferie sans nom, mais c'est justement sur tout ça que va s'appuyer son réalisateur pour pondre cette critique de la grande puissance mondiale qu'est les Etats-Unis.


Car Showgirls est avant tout un film sur les USA, et le pays n'était pas prêt à ce que quelqu'un leur crache à la figure ses quatre vérités. Sexe, argent, ambition, violence ces 4 éléments représentent à eux-seuls le film et le pays. Ces personnages qui ne vivent que pour les 3 premières choses. Nomi Malone, étant prête à tout pour devenir danseuse, qui va utilisé le sexe comme son arme fatale. La scène animale de la lap-dance montre tout cela, d'une exagération incroyable, c'est la danse de la séduction de Nomi. Tout les personnages utilisent leur corps pour obtenir la moindre chose. Le sexe est omniprésent. Dans chaque plan, chaque réplique.
Mais bien sûr pour arriver en haut de la plus grande marche du podium, il ne faut pas uniquement donner de sa personne, il faut éliminer la concurrence. La rivalité entre Nomi et Connie dure tout le long du film, au travers du personnage de Zack, des petits coups de putes et qui s'achèvera par la déchéance de la "vieille" au profit d'une jeunesse hargneuse.


Jusqu’au-boutiste dans son propos, Verhoeven enchaîne les séquences over the top, que ça soit les numéros de danse emplie de pulsions charnelles, les scènes de sexes montrées comme des joutes d'une violence rare où chaque assaillant essaie de prendre le dessus (la scène de sexe dans la piscine en est le climax), jusqu'à des scènes typiquement Verhoevenniennes comme ce viol ultra choquant de l'amie de Nomi qui montre vraiment que tout n'est qu'illusion et que même la plus grande star de la chanson n'est au final qu'une bête de sang et de sperme.


Pour aller avec ce spectacle flirtant avec le grotesque, Verhoeven va pousser ses acteurs dans leur moindre retranchements, et le surjeu constant de Elizabeth Berkley fonctionne à merveille. La démesure de son jeu n'a d'égal que la démesure du pays dans lequel se déroule l'action. Ces réactions sanguines, ses danses ultra-suggestives, Berkley campe à la perfection le produit 100% Made in Las Vegas. Au casting s'ajoute l'excellent Kyle MacLachlan avec sa magnifique piscine à néons et sa mythique mèche, et la sexuelle Gina Gershon, alter ego de Berkley.


Showgirls ne pouvait absolument pas marcher, c'est un spectacle grandiloquent, viscéral, animal montrant Las Vegas comme elle est vraiment et pour cela il fallait le génie de Paul Verhoeven.

Bondmax
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le 27 févr. 2016

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Bondmax

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