Shrek 2
6.6
Shrek 2

Long-métrage d'animation de Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon (2004)

Pourquoi Shrek 2 est un chef d'oeuvre?

Shrek fait un peu office d'ovni dans le cinéma d'animation pour moi. J'oublie souvent que c'est souvent les films d'animations qui ont tendance à me faire rire. J'ai hurlé comme pas possible devant des dessins animés comme Kuszco l'Empereur Mégalo de Disney ou encore Toy Story de chez Pixar.


Mais je pense sincèrement que les plus grands comiques de l'animation se trouvent chez DreamWorks. C'est sans doute leurs films qui me font le plus rire, Kung Fu Panda, Madagascar, c'est toujours irrésistiblement drôle et je suis toujours sous le charme.


Et même si je porte un amour immense pour Kung Fu Panda (et pour le coup, je pense qu'ils s'agit là des meilleurs de DreamWorks), Shrek reste LA Perle d'Humour (avec des majuscules). En tout cas, les deux premiers.


Car il y a une chose que Shrek a en plus de toutes les comédies d'animation : les dialogues. J'avais déjà un peu abordé le sujet dans ma critique du premier film, mais les dialogues de Shrek sont écrit avec une main de maître et cet épisode n'échappe pas à la règle. Certes, il n'arrive pas à faire mieux que le premier film parce que faire mieux que le débat sur les oignions et le clafoutis entre Shrek et l’Âne, ça relèverait un peu du miracle.


Mais ce second volet réserve quand même pas mal de dialogues absolument hilarants, parfaitement écrits, en même temps, ça vient du même gars (ce qui n'est pas le cas des suites). En fait, je trouve que ce second volet de Shrek est dans la continuité, le même type d'humour qui marche à merveille avec des personnages haut en couleurs.


Cependant, je trouve, et cela n'engage que moi, que Shrek 2 est infiniment supérieur au premier volet. Tout simplement parce qu'il pousse le concept encore plus loin. Shrek est une parodie de conte de fée et en ce qui me concerne, le premier le faisait déjà très bien. Se foutant gentiment de la gueule de histoires mièvres avec pour chevalier un ogre et son fidèle destrier un âne bavard sauvant une princesse peu délicate et pro du kung fu (peut-être les premices de Kung Fu Panda). On avait ces trois personnages, et c'était un peu tout.


Dans Shrek 2, l'univers est beaucoup plus exploré, les personnages beaucoup plus nombreux et bien mieux utilisés. Pinoccio, les Trois Petits Cochons, P'tit Biscuit, les Souris Aveugles ou encore le Loup ne sont plus des caméos à ce stade, ils sont utiles au récit, introduits intelligemment et drôles.


Et encore, là on ne parle que de personnages qui apparaissaient dans le premier film et qui avaient eu droit à un temps d'apparition très limité. Les nouveaux personnages (parce qu'il faut toujours de nouveaux personnages dans des suites) sont marrants, et bien écrits. Celui qui m'apparaît en premier est évidemment le Roi Harold, père de Fiona (et doublé par John Cleese en VO, sauf que je mate la VF, fou que je suis), écœuré à l'idée que sa fille soit mariée à un ogre et en même temps soucieux pour elle parce qu'après tout, bah il l'aime. La mère de Fiona, Lilliane passe un peu au second plan malgré ses capacités, elle se contente de dire à Harold que l'important, c'est le bonheur de sa fille. Les antagonistes sont géniaux, Charmant est un enfant pourri gâté et détruit totalement le mythe du prince héroïques au profit d'un ogre solitaire mais plus soucieux du bonheur de ceux qu'il aime. Sa mère la bonne fée est un personnage délirant qui ressemble comme deux goûtes d'eau à Meryl Streep (raison de plus de l'apprécier).


Mais le personnage que j'aime le plus et ce, dans toute la saga Shrek, c'est Potté. Parce que... rha, trop mignon putain ! Non sans déconné, ce personnage me fait hurler de rire à chacune de ses apparitions. Son affrontement face à Shrek est sûrement la scène la plus drôle que j'ai vu dans toute la saga (avec bien évidemment, le débat sur les oignions et le clafoutis, bon sang, cette scène est juste parfaite).


Donc déjà, rien que dans ses personnages, Shrek 2 est supérieur, d'autant plus que l'utilisation d'un nouveau lieu qu'est le Royaume de Fort Fort Lointain est superbement utilisé car totalement en contradiction avec le milieu dans lequel vit Shrek habituellement (sans déconné, vous voyez souvent des films avec des ogres qui vivent dans un château).


Et encore, Shrek 2 réserve encore bien des surprises. Le film enchaîne aussi tout un tas de références à la pop culture toujours bien placés (Potté qui s'introduit dans le pull de Shrek et qui en sort comme un Xenomorphe, le bar de la Pomme Empoisonné, les enseignes Burger King et Starbuck Coffee remaniés à la sauce conte de fée, Mission Impossible ou encore les émissions d'Enquête d'Action suivant des troupes policières, bref). C'est un plaisir de dénicher les milles et uns clins d’œils dans Shrek 2.


Et une chose qui me touche plus particulièrement dans cet épisode, c'est les enjeux. Ici, il n'est plus question de sauver une princesse retenue dans la plus haute tour d'un château gardé par une dragonne sexy (n'y voyez aucune allusion zoophile), ici, il est surtout question de son bonheur et du jugement que l'on peut porter sur le choix de son mari. C'était déjà un peu exploré dans le premier, Shrek persécuté juste parce qu'il est un ogre mais ici, ça pousse le bouchon encore plus loin parce que les parents de sa femme eux-mêmes renient son espèce. Et justement, le fait que tous les personnages ne veulent finalement que le bonheur de Fiona et qu'ils agissent tous dans ce but malgré les différents, ça a un charme, une magie que le premier n'avait pas.


Shrek est plus touchant que jamais. Il est prêt à faire des sacrifices pour la femme qu'il aime quitte à renier son espèce mais c'est finalement l'acceptation de soi qui est importante. Il ne faut pas se conditionner pour ressembler à la personne que les gens veulent qu'on soit, mais assumer et tant pis pour ceux qui jugent, ils n'auront qu'à aller se faire foutre car ce sont eux qui ont torts !


Voilà ! C'est ce genre de messages que j'aime voir dans un dessin animés destiné à un public jeune. C'est une morale sur l'amour et l'acceptation de soi, un film hilarant qui pourra plaire à tout le monde, mais qui n'est pas dénué de réflexion, c'est ce qui en fait la magie de Shrek ! Un film avec des personnages haut en couleurs, parfaitement utilisés (à quelques exceptions près), visuellement au top, marrant et porteur de beaux messages accessibles à tous.


Bah pour moi, Shrek 2, c'est un chef d’œuvre ! Y a pas photo, on peut saluer le génie de Pixar ou Disney, mais je n'oublierai jamais celui de DreamWorks.

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le 13 avr. 2018

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James-Betaman

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